Démolitions à Abidjan : un désastre économique pour les entrepreneurs locaux, selon Amnesty International





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De nombreux entrepreneurs en difficulté après les démolitions à Abidjan



Les opérations de démolition menées à Abidjan depuis janvier 2024 ont non seulement laissé des milliers de familles sans abri, mais elles ont également porté un coup sévère à l'économie locale. Fermiers, commerçants, et autres entrepreneurs ont vu leurs moyens de subsistance anéantis du jour au lendemain. Alors que les promesses de compensation tardent à se concrétiser, l'avenir économique de ces communautés est plus incertain que jamais, selon un communiqué d’ Amnesty International .

Dans les quartiers de Gesco, Boribana, Banco 1 et Abattoir, les démolitions entreprises sous les ordres de Cissé Bacongo, ont eu des conséquences dévastatrices pour l'économie locale. Guillaume, fermier à Gesco, raconte comment son bétail s'est enfui lors de la destruction de son exploitation, entraînant des pertes financières considérables. « Nous avions demandé aux autorités si notre site serait touché, on nous a répondu que non. À notre grande surprise, tout a été détruit. Nous avons tout perdu », déplore-t-il.

Les fermiers de Gesco ne sont pas les seuls à avoir été touchés. Certains commerçants locaux, dont les magasins ont été détruits, se retrouvent également dans une situation précaire. Aimée, qui possédait une petite boutique à Boribana, témoigne : « Depuis la démolition, je n'ai plus de revenus. J'ai dû emprunter de l'argent pour survivre, mais je ne sais pas comment je vais rembourser. »

Les mesures de compensation annoncées en mars 2024, qui prévoyaient une aide au relogement, une indemnisation pour les pertes subies, et un soutien à l’acquisition de nouvelles terres, n'ont toujours pas été mises en œuvre. « Cela fait cinq mois que nous attendons des nouvelles des autorités, mais personne n'est venu nous voir. Nous sommes livrés à nous-mêmes », confie Konima, une piscicultrice dont l'exploitation a été détruite.

Les répercussions économiques des démolitions sont également visibles dans le secteur de l'éducation. De nombreuses écoles ont été détruites, privant les enfants et les jeunes d'accès à l'éducation. Certains, comme Assita, une élève en classe de 4ème à Gesco, ont dû abandonner leurs études faute d'alternative. « Ma maison et mon école ont été détruites. Je suis allée vivre chez ma tante, mais il n'y a pas d'école là-bas », raconte-t-elle.

Les conséquences à long terme pour l'économie locale sont préoccupantes. Avec la destruction des moyens de subsistance et l'absence de mesures de soutien, de nombreuses familles risquent de sombrer dans la pauvreté. Les fermiers, commerçants et autres acteurs économiques locaux appellent les autorités à honorer leurs promesses de compensation et à mettre en place des mesures de soutien pour aider les communautés touchées à se reconstruire.

Pour éviter une crise économique majeure, Amnesty International invite les autorités ivoiriennes à agir rapidement afin de soutenir les petits producteurs et commerçants est crucial pour permettre à ces communautés de retrouver une stabilité économique et de reconstruire leur avenir. 

Gaël ZOZORO

 

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