Le président du CDC de Koumassi Zoé Bruno veut assainir ce quartier
Daniel Eyssette Beugré Yoboué est le président du Comité de développement communautaire du quartier Zoé-Bruno dans la commune de Koumassi. Après son investiture le samedi 7 septembre 2024, il a accepté de nous accorder une interview pour présenter sa vision pour cette zone considérée par beaucoup d’habitants comme oubliée dans la politique des autorités locales.
Quelle est la procédure par laquelle vous êtes passé pour devenir président du CDC du quartier Zoé-Bruno ?
Dans cette procédure, il faut d'abord noter que c'est le maire qui est élu. Après, il met en place un système qui permet de réaliser toutes les promesses qu'il a faites pendant la campagne électorale. Donc il y a eu un appel à candidature dans tous les 17 quartiers de Koumassi. Et les personnes qui voulaient devenir président de CDC ont postulé. Après, nous avons tous versé la somme de 100 000 francs comme caution. Ensuite, il y a eu des enquêtes de moralité. Après tout cela, il y a eu un comité qui a travaillé pour désigner les présidents. C’est à la suite de cette procédure que j'ai été choisi comme président du CDC du quartier Zoé-Bruno.
Quelle est votre vision pour ce quartier après votre investiture, car les populations ont l’impression que la zone a été oubliée par la mairie?
D'abord, Zoé-Bruno n'a pas été oublié par le ministre-gouverneur et par le maire de Koumassi. Nous sommes habitants de Koumassi et nous savons qu’autrefois, l’entrée du quartier était un dépotoir. Aujourd'hui nous avons un marché, une gare, un jardin botanique, etc. Dans le temps, c'était impraticable. Aujourd'hui, nous constatons qu’il y a quelque chose qui a été fait par nos autorités. Il y a des choses qui étaient prévues, mais avec la nomination du ministre-gouverneur au District d’Abidjan, il y a des actions qui ont été mises en veille, le temps de réorganiser les choses. Sinon dans la campagne, le ministre a fait pas mal de promesses. Et aujourd'hui, nous avons vu que les choses sont en train d’avancer. Ma vision est de rendre cette belle cité plus visible. Pour moi, c'est déjà d'effacer même le nom Soweto qui fait penser à un quartier précaire. Désormais, c’est Zoé Bruno.
Quelles sont les actions que vous prévoyez de mener pour atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés ?
Il y a quand même du boulot à faire. Zoé Bruno a besoin d’être dégagé dans le fond. Il faut assainir le quartier. Quand il pleut, on trouve qu'il y a trop d'eau. Il y a des mécanismes qu'on a mis en place pour que les voies et caniveaux restent toujours secs, même quand il pleut. On va permettre à chaque habitant de Zoé-Bruno de se sentir à l’aise. J’évite de me prononcer sur certains sujets parce qu’il y a les réalités. Depuis 14 ans que je vis dans ce quartier, j'ai posé des actions sans faire beaucoup de tapages. Il y a une canalisation de 215 mètres qui a été réalisée au secteur Guéré et qui permet à l’eau de vite dégager quand il pleut. Je voudrais dire aux populations de Zoé Bruno que je suis là pour travailler. Je n’avais pas encore été désigné quand j’ai réalisé un caniveau sur la voie principale. C'est comme cela que j'ai toujours fonctionné.
Quelle politique entendez-vous mettre en place pour que le quartier soit plus assaini ?
Le défi majeur de Zoé-Bruno, c’est l’assainissement. Nous avons à ce sujet, sept sorties d'eau à préparer. Donc quatre gros caniveaux de largeur 110. Nous en avons un qui est terminé. Si ces points ont été touchés, l’eau ne va plus rester. C’est juste un peu de volonté et de temps pour réaliser tout cela. Donc, pour moi, c'est d'abord la canalisation. Nous savons que pour résoudre un problème, il faut aller à la base. De plus, il faut empêcher les propriétaires d’immeubles de connecter leurs regards aux caniveaux. Dans le temps, lorsque l’ancienne équipe voulait mener des actions, elle faisait cotiser des gens. Moi, je n'ai jamais cotisé avec quelqu'un pour faire mon travail. Et dans le plan d'action que je suis en train de mettre en place, aucun propriétaire ne cotisera pour réaliser les travaux. Je suis d'abord chef d'entreprise et je suis dans le BTP. Il y a donc des choses que je peux apporter.
Quelles solutions pour ces propriétaires qui connectent leurs regards aux caniveaux?
Nous avons déjà pris des contacts avec des experts au niveau de la Sodeci (Société de distribution d’eau en Côte d’Ivoire : Ndlr). Il y a un système que nous mettrons en place par ilot. Nous allons faire des regards groupés par ilot, on va connecter des tuyaux de plus de 180, et faire des déviations. C’est un système que j’ai déjà réalisé sur un espace de près d’un hectare et demi, et qui marche très bien. Nous allons mettre ce système en place pour éviter les raccordements qui ont été faits dans les petits caniveaux. Les propriétaires se concerteront entre eux pour payer le diamètre de tuyaux que nous choisirons ensemble et le raccordement sera fait.
Les commerçants qui vendent aux abords des voies ont des craintes quant à leur déguerpissement. Quelle assurance leur donnez-vous ?
Quand le ministre-gouverneur est en train de travailler dans le District d’Abidjan, c'est pour le bien-être de la population. Et Koumassi ne peut pas être en reste car c’est par ici même qu’il a commencé. Il faut permettre aux propriétaires de bien construire et aux locataires d’avoir du confort en ayant par exemple des parking pour garer leurs véhicules. On ne cassera pas tout, mais on va améliorer le cadre de vie. On va assainir. Si on veut assainir, oui, on va demander aux gens de dégager pour réorganiser les choses. Nous voulons que Zoé Bruno soit une belle cité. Comme le souhaitent le ministre-gouverneur Ibrahima Cissé Bacongo et le maire Narcisse Balley qui nous ont fait confiance.
Et parlant de la cohésion sociale ? Car l’on sent quelques dissensions depuis que vous êtes aux commandes…
Ici à Zoé-Bruno, la quasi-totalité de la population est venue d’ailleurs. Les seuls propriétaires terriens sont les Guéré que nous avons trouvés sur place. Je suis arrivé ici en 2010, donc depuis 14 ans que je suis là, je n’ai eu de problèmes avec personne. Nous sommes dans un quartier super. On se rappelle quand on était jeune que personne ne voulait rentrer ici parce que ça faisait très peur. Après avoir passé toutes ces années, je n'ai jamais rencontré de difficultés comme l'agression. C'est un quartier qui m'a adopté et que j'ai adopté. Aujourd’hui, nous devons plutôt chercher à apporter des solutions pour le bien-être des populations de Zoé Bruno. Le temps évolue, les choses anciennes sont passées. Allons de l’avant. Moi, personnellement, je ne suis pas là pour faire des histoires et envoyer la division. J'ai appelé tout le monde pour travailler main dans la main et je continue d'appeler les uns et les autres. Il y en a qui veulent rester éternellement sur leur position. On ne va pas les obliger. Et d'ailleurs, moi, cela me plaît parce que c'est ce qui va me permettre de me corriger si je fais des erreurs.
Réalisée par Solange ARALAMON