Moi président de la République élu en octobre 2025, je nommerai un haut ministre chargé de la Révolution industrielle du pays. Il aura pour mission, avec les techniciens de haut niveau (ingénieurs en tout genre, sociologues, mathématiciens, physiciens, philosophes, historiens…), qui l’encadreront, de me proposer une haute stratégie nationale. Cette stratégie aura un seul but : relever pendant les cinq années de mon mandat, le niveau de l’industrie ivoirienne afin qu’elle surprenne le monde dans les 15 années à venir. Laquelle industrialisation devra embrasser tous les domaines de la vie par la généralisation de la mécanisation de l’agriculture et la transformation industrielle à grande échelle de nos nombreuses matières premières en produits finis. Cette révolution industrielle, on s’en doute, aura des répercussions sur tous les marchés du travail. Nos jeunes enfants qui sortent des grandes écoles de formation ne passeront plus (en tout cas pour la plupart) trop de temps à chercher un premier emploi, la croissance va monter en flèche parce que la consommation sera au rendez-vous avec une classe moyenne « en bon état » qu’on aura créée grâce à ce projet pharaonique. Pour ce qui est du marché qui va recevoir nos produits ainsi fabriqués, mon ministre du Commerce s’en chargera. Quant au financement de ce colossal projet, le ministre des Finances saura où entrer pour ressortir avec des chèques signés.
Moi président de la République élu en octobre 2025, je choisirai parmi mes proches, un homme travailleur, modeste, honnête, qui parle peu pour dire beaucoup, la cinquantaine, pour occuper certainement le poste le plus prestigieux de mon gouvernement. Il s’agit du porte-feuille du Développement rural. Comme on peut le voir, ce poste est en lien étroit avec le premier. Je lui donnerai comme consignes de parcourir tout le pays dans ses coins et recoins pour mettre les jeunes et moins jeunes au travail. Il me rendra compte personnellement et n’est pas obligé d’être régulièrement aux conseils des ministres. Il devra s’organiser pour recenser les hommes qui peuplent les villages, avoir des rencontres permanentes avec eux et réussir à les convaincre que c’est à travers le travail qu’ils s’épanouiront et non par la consommation des stupéfiants et des alcools frelatés. Mais auparavant, il sera tenu de me faire un plan général de développement de nos villages et campements. Pour arriver à convaincre ses interlocuteurs, il exposera sur la politique de révolution industrielle en cours qui aura besoin de tout le monde, notamment les agriculteurs, pour sa bonne marche. Chaque zone rurale ayant ses spécificités, mon ministre devra se faire entourer de toutes les bonnes têtes du pays, qu’elles soient politiquement avec moi ou pas. Le profil recherché dans mon programme, c’est l’efficacité, la dextérité et une large part d’humanité. Je dirai aussi à mon ministre du Développement rural de ne pas oublier de rendre visite aux planteurs sur leurs champs et partager des journées avec eux. Il faut que ce soit des visites inopinées. Il est évident que pour réussir cet autre vaste projet, les planteurs et autres cultivateurs seront bien servis en matière d’appuis techniques, technologiques et administratifs par les services du ministre. Rien ne sera négligé. Par ailleurs, la question de la gestion foncière ne devra pas lui échapper. Il s’arrangera pour que les nationaux qui ont vendu toutes leurs parcelles de terre aux étrangers puissent en disposer à travers un dialogue parfaitement organisé et mené. Quitte à signer, par exemple, un moratoire pour un remboursement de la somme payée pour l’acquisition, généralement à un prix dérisoire, des ou de la parcelle en question. Les populations rurales pauvres et éloignées des zones urbaines ont besoin, comme celles des villes, de développement économique et social pour leur plein épanouissement. La Côte d’Ivoire est assez riche. Moi président, je tâcherai de les rendre riches à l’image du pays.
Moi président de la République élu en octobre 2025, je prendrai dans le sein de la grande muette, un homme rigoureux, humble, imposant et impressionnant par sa stature, de préférence un capitaine ou un commandant, pour gérer une sorte de service civique. Dans un premier temps, il exercera dans le Grand Abidjan. Il se choisira des hommes et des femmes de très bonne moralité, qui ont de très bonnes relations avec l’argent, bref ! qui sont incorruptibles. Sa mission sera de discipliner la vie dans les rues d’Abidjan. Il devra trouver un mécanisme pratique pour mettre fin aux agressions dans les rues de la capitale économique, arrêter les assassinats sur les campus universitaires et la circulation des « gbakas verts ». Ses hommes et lui devront veiller particulièrement sur les taxis communaux, les « gbakas » et les tricycles. Ils ne doivent plus circuler sur les trottoirs (la voie piétonne) où ils passent en pleine vitesse sans tenir compte de ceux que la loi autorise à circuler sur les côtés des rues. De même, il devra éradiquer le phénomène des « gnambros » qui est manifestement un phénomène nuisible comme celui des « Microbes » appelés Enfants en conflit avec la loi.
Comme je tiens à la réussite de ces trois projets majeurs, les hommes et les femmes qui les conduiront seront rattachés directement à mon cabinet.
Abdoulaye Villard Sanogo