Après la pluie, la terre s’ouvre à la culture. Une femme courbée sur sa parcelle de menthe, en train de désherber, laisse la nature se renouveler, prenant soin de ses récoltes avec patience et dévouement
Depuis des générations, les populations autochtones de Côte d’Ivoire cultivent, autour de leurs habitations, des produits maraîchers tels que la tomate, le piment, le concombre et la courge, l’aubergine ou le gombo, principalement pour leur consommation familiale. A partir des années 1980-1990, l’agriculture maraîchère connaît une évolution significative, passant d’une simple activité domestique à une production spéculative d’une grande importance économique, selon une étude de mémoire publiée en 2021 et que nous avons consultée. Le thème porte sur la filière des cultures maraîchères.
Cette transformation a conduit à une spécialisation régionale et saisonnière de la production, avec un rôle de plus en plus central joué par 60% des femmes et des jeunes des zones urbaines et périurbaines. Aujourd’hui, ces cultures occupent une place essentielle dans les systèmes de production agricoles, contribuant significativement à l’économie locale et à la sécurité alimentaire du pays. Selon les statistiques du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, la culture maraîchère représente 37,4 % des surfaces cultivées dans les zones forestières, tandis qu’elle occupe 63,6 % dans les zones de savane.
Depuis quelques jours, la réalité des cultivateurs maraîchers est frappante. Face aux pluies et aux inondations récurrentes, de nombreux agriculteurs d’Abidjan rencontrent des difficultés majeures pour évacuer leurs récoltes, notamment la laitue, communément appelée salade, la menthe, la tomate et le concombre. Ces conditions rendent la vente de leurs produits presque impossible, menaçant non seulement leur activité, mais aussi leur subsistance. Une équipe de reportage de pressecotedivoire.ci s’est rendue le jeudi 31 octobre 2024, dans la commune de Port-Bouët pour rencontrer les agriculteurs locaux.
Les cultivateurs expliquent que les fortes pluies saturent les sols, ce qui complique le transport de leurs produits vers les marchés. Oumar Tarnada, un jeune cultivateur de salade, âgé de 24 ans, témoigne des difficultés rencontrées pendant cette petite saison des pluies. « Nous perdons beaucoup de temps à essayer de sauver nos cultures, et celles qui restent finissent souvent endommagées », déclare-t-il, visiblement préoccupé par l’avenir de sa parcelle.
L’impact économique est également inquiétant, avec la hausse des frais de transport et les pertes de récoltes qui s’accumulent. « Nous avons besoin de solutions durables, telles que des systèmes de drainage efficaces et des infrastructures adaptées », souligne Rokia Ouédraogo, cultivatrice de menthe.
Malgré ces difficultés, certains agriculteurs s’efforcent d’adopter de nouvelles méthodes de culture pour s’adapter à ces conditions changeantes. Au point où des techniques comme l’agriculture en hauteur ou l’utilisation de variétés résistantes à l’humidité commencent à émerger. Cependant, le manque de soutien et de formation reste un obstacle majeur.
La culture maraîchère à Abidjan fait face à des défis significatifs liés aux inondations, mais les cultivateurs persistent, espérant que des solutions seront mises en place pour préserver leur activité et garantir un approvisionnement alimentaire stable pour la ville.
EA