Grande passionnée de danse depuis son enfance, Kanon Ange Patricia, ou Zota pour les besoins de la scène est aujourd’hui l’une des danseuses ivoiriennes les plus populaires de sa génération.
Née à, Yopougon Sicogi, le quartier d’Abidjan réputé pour avoir vu naître des stars comme Dezzy Champion ou encore Ruth Tondey, elle grandit à Ferké, où déjà, dans ses classes d’école primaire, elle participait toujours aux chorégraphies du groupe de danse de son établissement.
Revenue sur les bords de la lagune ébrié, chez son oncle après le décès de son géniteur, le virus de la danse continue de la ronger, au point de s’installer dans sa moelle épinière pour devenir virale.
" Depuis toute petite, je me souviens que j’aimais la danse. J’étais devant la télévision, entrain de copier les chorégraphies des artistes qui passaient. Quand je vivais chez mon oncle, il voulait m’inscrire au Village Kiyi parce qu’il disait souvent qu’il a vu un potentiel artistique en moi. Mais ma tante a dit qu’il fallait faire des études avant tout. Je me suis véritablement donnée à la danse. Je me rappelle qu’il y avait un chorégraphe qui était venu recruter des danseurs et c’est comme ça que je me suis inscrite dans le groupe", relate la danseuse la plus côtée de Côte d’Ivoire, quand on lui pose la question de savoir comment elle en est arrivée là.
Finalement, le virus de la danse ayant pris le dessus sur toute autre chose, même sur ses études, elle décide d’en faire un métier. Au grand désarroi de sa mère qui ne voulait pas voir sa fille fréquenter ce milieu qu’elle qualifie de malsain.
Malgré son inscription à l’école et dans des groupes d’étude, Ange Patricia choisit sa voie. Elle préfère se retrouver clandestinement dans ses groupes de danses au lieu d’aller à l’école.
Lorsqu’elle échoue à son examen du BEPC, sa mère insiste pour qu’elle continue ses études en passant son examen en candidate libre. Inscrite en seconde dans une nouvelle école, Ange Patricia rencontre "ses grandes sœurs" déjà danseuses pour des artistes de coupé-décalé, notamment la sœur et danseuse de l’artiste DJ Caloudji qui l’introduisent dans "leur famille", celle de la danse professionnelle. Dès lors, sa mère se rend à l’évidence que la cause est perdue. Mais continue d’insister.
De la passion au métier
Ses nouvelles "grandes- sœurs" de la danse l’introduisent dans le milieu, ce qui lui permet de faire quelques prestations avec des artistes comme Le Molare, DJ Caloudji ou encore DJ Arsenal. Jusque-là, Ange Patricia s’amuse à danser sans penser à une quelconque rémunération. Pour elle, Faire ce qu’elle aime par plaisir, qu’elle soit payée ou non ne la dérangeait pas.
" Quand les vieilles mères m’appelaient pour venir danser, qu’elles me voyaient en bleu-blanc, ça les décourageait. Elles voulaient que je parte à l’école . Elles me disaient souvent y’a rien dedans oh, il faut aller à l’école. Danser ne nourrit pas son homme, surtout dans le coupé-décalé. Elles ne voulaient pas que je gâche ma vie en les suivant", confie t-elle
Mais c’était sans compter avec sa détermination à continuer à vivre de sa passion. En 2009, elle rencontre la chanteuse Nelly Djouma qui part en tournée avec elle…Sa mère qui la voit à la télé, finit part abdiquer et négocie avec elle pour qu’elle passe son BAC avant de tout lâcher… A partir de là, ayant la bénédiction de sa mère, Ange Patricia prend conscience du fait qu’elle pourrait faire de la danse son métier et s’y consacre entièrement.
Sa rencontre avec Serge Beynaud et la naissance de Zota
Ce moment, est un tournant dans la vie et la carrière de la danseuse. Encore en tournée avec Nelly Djouma, elle rencontre l’artiste, qui lui propose de venir danser pour lui.
"J’étais assise dans le garage d’un ami, et il m’a approché, il m’a demandé si je pouvais danser avec lui. Il venait de sortir "Koumalébé" et préparait un nouvel album pour lequel il avait besoin de danseurs. Nous avons alors échangé les contacts et commencé les répétitions ave c les autres danseurs. Nous étions quatre à l’époque", conte t-elle avec un brin de nostalgie.
Après la sortie de l’album, Serge Beynaud en début de carrière, veut continuer sa collaboration avec la jeune danseuse. Il l’appelle "ma petite" ! Ils passent beaucoup de temps ensemble à répéter et travailler à les pas de danse. C’est alors qu’un soir de 2012, chez l’artiste, un vieil ami d’Ange Patricia danse avec elle et lance son ancien surnom du temps de variétoscope : " Zota".
Serge Beynaud l’entend et depuis, elle est passée de "ma petite" à "la petite Zota", pour finir "Zota". Comme un grand frère pour elle, l’artiste la conseille, mais aussi la propulse au devant de la scène en la citant dans ses chansons et en la présentant lors de ses spectacles. En bonus, reçoit son premier grand cachet avec l’artiste. Depuis lors,
"Travailler avec Serge Beynaud m’a permis de grandir et d’avoir plus de responsabilités. Il est comme mon deuxième père", ajoute t-elle. En plus du plaisir et de la fierté qu’elle ressent, elle peut se sentir enfin comme une danseuse professionnelle.
Et demain ????
Humilité, courage et respect sont les mots qui définissent celle qui est progressivement en train de préparer sa reconversion. Elle envisage d’ouvrir une école de danse pour permettre aux danseurs de pouvoir exprimer leur talent et être vus. Elle suit des cours dans ce sens avec un chorégraphe professionnel.
Elle rêve aussi d’organiser un grand show durant lequel on pourra voir tous types de danses.
Et même si elle a pris du poids à cause des nombreuses tournées durant lesquelles elle mange tard, Zota n’est pas gênée, par ses kilos en trop qui ne l’empêchent pas de danser comme elle veut.
Côté cœur, même si elle n’est pas encore passée devant le maire, Zota trouve du temps entre deux prestations pour s’occuper de son petit ami à qui selon elle, elle sait cuisiner de bons petits plats.
Solange ARALAMON