C’est avec consternation, que les ivoiriens ont vécu le spectacle désopilant de l’Assemblée Nationale ivoirienne au Maroc. En effet, deux délégations de l’hémicycleivoirien, sont arrivées le 17 juin dernier à Rabat. L’une conduite par le président actuel de l’exécutif, Ahmadou Soumahoro et l’autre dirigée par l’ex PAN Soro Guillaume. L’inimitié entre Guillaume Soro et Amadou Soumahoro, son successeur à la présidence de l’Assemblée nationale ivoirienne, a éclaté au grand jour, à l’occasion de la réunion des représentants africains de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. Alors que, l'organisation de la 45e session de l’APF, est prévue ce mois-ci à Abidjan. Après s’être livré bataille à coup d’audiences, d’accueils et de permissions d’accès à des salles, ils ont poursuivi leur pugilat à coups de communiqués. Présent à Rabat, Bema Fofana, député de Bouaké, proche de Soumahoro a déclaré que l’ex-patron de la rébellion des Forces nouvelles « a été prié de quitter la 27ème assemblée de l’APF et il est parti ». Les services d’Amadou Soumahorovont plus loin, en évoquant même le fait que la police marocaine serait intervenue pour éconduire l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne.
« Faux ! », a-t-on rétorqué du côté de ce Guillaume Soro. Ce dernier aurait « choisi librement de renoncer à présider les travaux afin d’éviter un blocage des travaux et créer ainsi un incident diplomatique », à en croire son conseiller en communication, Moussa Touré. Une attitude que Soro aurait adoptée après s’être entretenu avec le président Mohammed VI.
Les enjeux pour les frères ennemis de Côte d’Ivoire étaient de deux ordres : la tribune de la 27è session d’une part, et le poste de premier vice-président de l’APF – que détient Soro – de l’autre. « Manifestement, Soumahoro a remporté sa bataille, qui consistait à empêcher la prise de parole de Soro à la tribune », commente un attaché parlementaire ivoirien.
La délégation conduite par Soumahoro s’est appuyée, pour ce faire, sur les textes du règlement intérieur de la région Afrique de l’APF, pour exiger que la session soit présidée par le président de la section invitante du Maroc, Habib El Malki, et non par le premier vice-président, comme cela était prévu initialement.De son côté, Soro a remporté la bataille pour la conservation de son poste de premier vice-président de l’APF, alors que Soumahoro, se prévalant de la présidence de la section ivoirienne qu’il dirige depuis son élection à la tête de l’Assemblée ivoirienne en mars, convoitait ce poste. « Le coup d’État n’a pas eu lieu », s’est réjoui Soro, qui a annoncé ce lundi en fin de journée sa candidature à la présidence de l’APF, au grand dam de Soumahoro. Ilsne se sont même pas rendus compte qu’ils étaient allées trop loin, dans leurs escapades, frisants celles d’anciens amants désormais en froid.Les autorités ivoiriennes, arrivées dans la capitale Marocaine, n’étaient pas à se demander ce que leurs participations apportent à la Côte d’ivoire et à ses populations, mais plutôt qui a eu accès à telle ou telle salle. L’on était loin de l’attitude de représentants officiels d’une nation, mais plutôt, celle de personnes, chez qui l’égo surdimensionné avait pris le pas sur la fonction. Qu’on se le tient pour dire, à Rabat que ce soit Soumahoro où Soro, tous y étaient, au titre de la Côte d’Ivoire. Ce n’était pas une ballade d’agrément où une villégiature. Alors d’où vient cette valse déshonorante qu’ils nous ont infligée ? le plus grand perdant, il faut le retenir, c’est la Côte d’Ivoire et sa diplomatie. L’image du pays pour lequel d’énorme sommes d’argent sont englouties chaque année a pris un coup.Et pour paraphraser l’ex président Français, François Hollande, dans son œuvre Leçons du Pouvoir : « La discorde au sommet, publiquement étalée, détruit la lisibilité de toute l’action des autorités et ruine la crédibilité de l’Etat et partant de son chef.» Même s’y Ouattara et son premier ministre feignent de l’ignorer, le comportement de leur poulain, Ahmadou Soumahoro aura des répercussions sur leur crédibilité, aussi bien au plan national, qu’international.
Raison de plus, qu’au moment où les assisses de l’Apf sont prêtes de se tenir dans notre pays, il nous faut interpeller le président controversé de l’Assemblée Nationale Ahmadou Soumahoro. Car, il ne faut pas oublier qu’il a été élu par dépit, à la suite du boycott par les députés de l’opposition de la séance de son élection. Vu que le mode de scrutin choisi était anti démocratique et ne permettait pas aux élus d’exprimer librement leur voix.
Soumahoro a besoin d’un rappel à l’ordre, surtout qu’il nous a habituées à des sorties de routes décapantes. Celui qu’on surnomme, tristement, Ahmadou cimetière est un habitué des méthodes cavalières. Souvenons-nous de sa sortie délirante, au terme de la crise post-électorale qui a vu la prise de pouvoir d’Alassane Ouattara. Nommé président par intérim du Rdr, Soumahoro n’a rien trouvé d’autres pour célébrer la victoire de son mentor que d’indiquer que : « tous ceux qui s’opposaient à lui (Ouattara) se retrouvaient au cimetière ». Il s’est, une fois encore, illustré, récemment de la plus piètre manière, en indiquant que les députés n’étaient pas indépendants. Sacré Président de l’ AN !
Michel Beta