Secteur du transport : Vers la fin du phénomène des gnambros ?





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La gendarmerie nationale a entamé, jeudi, en présence du préfet d’Abidjan, une vaste opération visant à mettre fin au phénomène "gnambro", à Yopougon. Pour l’occasion, très tôt, le matin, les éléments du général Alexandre Apalo Touré ont investi les grands lieux occupés habituellement par ces individus exerçant illégalement dans le milieu des transports. Notamment la gare de Sable et SIPOREX dans la plus grande commune de Côte d’Ivoire. Résultat à la mi-journée de jeudi, selon le préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié, qui a assisté à l’opération, 290 personnes interpellées, des armes et de la drogue saisis. En plus, des gares anarchiques ont été détruites.
Ce matin, à notre passage, aucun gnambro en vue à SIPOREX. Les usagers, habitués désormais à leur présence, reconnaissent que, ce matin, quelque chose a changé. Pas d’apprentis gbaka menacé, pas de véhicule de transport empêché de stationner. D’ailleurs, il y a moins de monde que d’habitude. A la gare de Sable, même scénario. Sauf qu’ici, certains qui ont pu se soustraire aux mailles du filet des gendarmes la veille, sont présent. Mais ils n’exercent pas. Se fondant aux nombreuses personnes qui exercent des activités informelles, ils font semblant de s’affairer. Nous le reconnaîtrons grâce à une petite vendeuse d’eau en sachet qui l’interpellera en langue locale pour lui demander pourquoi il n’est pas sur le terrain. Une question qui lui a certainement déplu puisqu’il maugréera des mots qu’il sera le seul à entendre.
A Koumassi, les gnambros sont pratiquement inexistants. Ils sont devenus invisibles depuis la bagarre qui avait opposé deux groupes de syndicats de transporteurs avait occasionné la mort d’un jeune homme de 16 ans. A la suite de cela, les forces de l’ordre avaient procédé à l’arrestation de Touré Azoumana, l’un des leaders syndicaux. Le maire Cissé Bacongo, avait pris un arrêté portant fermeture définitive de la gare spontanée de taxis intercommunaux du grand carrefour de Koumassi. Depuis, une véritable traque des syndicats et autres gnambros a lieu dans la commune.
Le mercredi 21 août 2019, la police nationale, exécutant l’arrêté du maire interdisant toute activité syndicale liée au transport à Kouamassi, a mis aux arrêts, devant l’hopital général de la commune, six individus qui embarquaient des passagers dans des véhicules contre rémunération de la part des chauffeurs. Ces derniers, selon les sources policières, contraignaient les conducteurs à leur verser 200 FCFA à 500 FCFA par chargement. Le même jour, deux gares anarchiques ont été démentelées dans les environs de l’hopital.
Autant d’actions qui montrent que la chasse aux gnambros et autres syndicats est ouverte. Le préfet de police l’a même réaffirmé, mercerdi dernier, dans une note publiée sur sa page facebook, où il appelle les autorités municipales à s’impliquer dans la lutte contre ce phénomène qui va s’étendre à d’autres communes. "Combattre le phénomène "gnambros" durablement requiert l’implication de tous, à commencer par les gestionnaires des communes".
Comment les gnambros entrevoient-ils leur avenir ? C’est à Abobo que nous avons eu la réponse.
A la gare en face de la mairie de cette commune où nous avons fait un tour, mercredi, les gnambros se disent très serreins. "Yopougon et puis Koumassi il y a quel bon guerrier là-bas. Ici, on est des guerriers pleins. Ils n’ont qu’à venir. On les attend", nous a lancé l’un d’eux, là où chargent les mini-cars gbaka en partance pour Adjamé par le Zoo. Son ami à côté n’affiche pas la même sérénité que lui : "Moi c’est ce que je fais pour nourrir ma famille. S’ils veulent nous chasser, qu’ils nous proposent autre chose à faire. Des permis de conduire par exemple ou qu’ils nous aident à acquérir des taxis-compteurs ou wôrô-wôrô (taxi communaux). Sinon, le nombre de braqueurs va augmenter".

 Le phénomène gnambro, un problème de sécurité publique 

En réalité, le gnambro est une activité du secteur des transports. Ceux qui sont ainsi nommés, s’occupaient d’organiser les chauffeurs afin d’y mettre de l’ordre. Ainsi, les premiers véhicules entrés en gare étaient les premiers à embarquer des clients. Une activité sans violence donc. Mais, au fil des ans, l’appât du gain facile et l’introduction dans le secteur de délinquants à la solde d’organisations syndicales véreuses, a changé la mission première de l’activité. Désormais, le gnambro collecte avec ou sans violence de l’argent pour le chef syndicat, il vend des tickets pour son compte et oblige les conducteurs à lui verser une partie de son "chargement" (le montant de la course). L’activité est devenue tellement lucrative que les responsables syndicaux se sont partagé les zones. Et, pour s’imposer, il faut être prêt à tout. Même à tuer.
C’est pourquoi, il ne passe plus de semaines sans que ne se déclenche pas une bagarre entre clans rivaux pour le contrôle de zones. On se souvient de la bagarre entre gnambros au grand carrefour de Koumassi qui a causé la mort d’un jeune homme et qui a emmené le maire de Koumassi à interdire toutes les activités syndicales dans le milieu du transport dans sa commune.
On se souvient, plus récemment, d’un gendarme tué à Yopougon-Lavage par des gnambros alors qu’il tentait de s’interposer entre deux factions rivales.
Il n’y a donc pas de doute que le phénomène gnambros est devenu un réel problème de sécurité publique. Si le problème semble avoir pris du plomb dans l’aile à Koumassi, il reste encore les vrais nids de gnambros : Abobo et Adjamé.

Modeste KONE

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