« Je demande à chaque membre du Gouvernement d’être présent sur le terrain et dans sa région.Les populations doivent être convaincues que vous rapportez au Président de la République et au Gouvernement leurs préoccupations, afin qu’elles soient prises en compte dans la mise en œuvre et le suivi du programme du Gouvernement », un discours de prise de fonction qui intervient à 14 mois de fin de mandat. Il faut être Ouattara pour oser cette immoralité. Car sans scrupule, après avoir longtemps ignoré les cris d’alarmes des populations, Ouattara veut subitement s’en intéresser. Pis, il met en mission ses anciens, nouveaux ministres. « Votre mission sera de travailler sans relâche pour l’amélioration du bien- être de nos concitoyens », démontrant ainsi que jusqu’ici les ministres avaient travaillé pour eux-mêmes au détriment des populations.Aujourd’hui, dans ce pays la réalité des assiettes défie les statistiques économiques. Le sentiment général est fait, que les fruits de la croissance sont inégalement répartis. Les populations ne perçoivent guère les effets de cette croissance, tant vanté par le pouvoir Ouattara, ni sur leurs conditions de vie, ni en matière de création d’emplois. On ne peut plus parler de « panier de la ménagère », mais plutôt de « sachet de la ménagère », une façon très imagée et humoristique de traduire la baisse de leurs revenus et donc de leurs pouvoirs d’achat. Le ras-le-bol économique a souvent été exprimé à travers des mouvements sociaux violents. La hausse des prix de l’électricité de 16 % décidée en janvier 2016 a ainsi fait monter la surenchère politique et a tendu les relations entre l’État et la société.Au cours des manifestations contre la vie chère, les symboles de l’autorité de l’État tels que les préfectures et les commissariats sont attaqués, et les autorités politiques également prises à partie. Les coordinations et les faîtières d’associations et de syndicats, à travers des grèves et des préavis de grèves, réclament de meilleures conditions salariales au gouvernement (déblocage indiciaire des salaires, paiement d’arriérés de solde, primes de logement, profil de carrière, etc.) . En conséquence, les efforts d’investissement du gouvernement dans les infrastructures destinées à booster la croissance, que le président prétend inclusive, sont déniés et dénoncés dans un jargon populaire : « L’argent ne circule pas », « On ne mange pas les ponts et le goudron ». Ces manifestations de colère contre la vie chère et cette disqualification de la croissance économique entrent en résonance avec les statistiques de la pauvreté qui indiquent que, malgré les discours du pouvoir, la réduction du nombre de ménages pauvres en Côte d’Ivoire n’est qu’un leurre et Ouattara feint de s’en rendre compte maintenant. Les ménages ivoiriens étranglés par leurs réalités quotidiennes ne sont pas dupes et sauront lui rentre la monnaie de sa pièce en octobre 2020. Ouattara c’est fini et il le sait, ce ne sont pas ses discours creux de fausses compassions qui changeront quelques choses.
Michel Beta