Abou Drahamane Sangaré est parti. Et pour toujours. Mais, pour lui, il ne faut pas faiblir. Il faut maintenir la flamme de la lutte. C’est-à-dire, il faut continuer le combat. Chacun, à son niveau, doit faire sa part. Et Sangaré a joué sa partition. Soyons des colibris. Pourquoi dit-on d’être des colibris ? La légende du colibri racontée par Sangaré lui-même et reprise par madame Simone Ehivet Gbagbo est claire. Et doit servir de boussole, de repère, de référence. En effet, un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! ». Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. ». Comme le dit Simone Ehivet Gbagbo : « Sangaré a fait plus que le colibri ».
Il a consacré plus de la moitié de sa vie pour le combat. Même dans la maladie était au combat. Et méditons cette célèbre citation de Frantz Fanon : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir». Or il est impérieux que l’on accomplisse cette mission qu’il a commencée depuis belle lurette. Il est nécessaire et impératif que l’on se mobilise parce qu’on doit assumer le combat. Abou Drahamane Sangaré avait endossé cette citation du Président Laurent Gbagbo, lors d’une interview accordée à la journaliste italienne, Nicoletta Fagiolo: « Moïse n’est pas entré dans la terre promise. Je ne sais si je vais entrer dans la terre promise. Si je n’entre pas, continuez le combat ». Cette citation est trop forte. Et doit fouetter l’orgueil des uns et des autres. La vie est ainsi faite. La vie est une histoire. Une histoire qui s’écrit bien souvent avec des lignes qui ne sont pas courbes. Et Sangaré a écrit son histoire. Lorsqu’on est engagé dans un combat, on ne doit pas se soucier de son corps, de sa chair. Mieux, l’on ne doit pas avoir peur de mourir pour le combat. Il faut s’inscrire dans cette logique. On ne doit pas baisser les bras. Parce que jeter l’éponge serait tuer le combat. Il ne faut jamais abdiquer devant l’adversité et les obstacles. On doit les affronter avec conviction. Par conséquent, il faut aller jusqu’au bout en tenant bon. Sangaré a su sauver le navire quand il tanguait. Et le Président Laurent Gbagbo de le relever lors de discours hommage à son frère jumeau. «Tu as su garder la maison stable sur les flots malgré les torrents et les tempêtes qui l’ont secouée. Quand tout semblait compromis, ton calme et ta sérénité ont toujours redonné l’espoir. En février 1992, quand la violence étatique s’est abattue à bras raccourcis sur nous, tu as été là pour sauver la maison. En 2014, il a fallu encore toi, pour remettre les choses à l’endroit afin que notre famille politique ne perde pas son âme. Tu es resté l’homme des missions difficiles et ingrates pour notre parti ».
Si Sangaré l’a fait, on peut le faire. Alors soyons tous des colibris. Personne ne viendra mener le combat à notre place. Si on ne l’a pas compris, c’est qu’on est perdu pour de bon. Et pour toujours. Celui qui ne croit pas au combat qu’il descende du train. Soyons forts. Parce qu’être, c’est rester digne dans les moments de désespoir. Etre fort, c’est savoir gérer et surmonter en tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances les épreuves de la vie. Il ne faut jamais désespérer. Le désespoir tue la lutte. Or la lutte ne doit pas mourir. Alors soyons tous des colibris. Le départ définitif de Sangaré est une méditation. Ne pas le saisir, serait une erreur monumentale. Bonne lecture. Allons-y seulement. Haut les cœurs. La liberté vaincra. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire. A la semaine prochaine. Inch’Allah !
Yacouba Gbané