Que cela arrive au chef de l’Etat ou au citoyen le plus inconnu, le trébuchement même en public, reste un fait humain, normal, banal, mais…
Lorsquele premier citoyen d’un pays trébuche en public et que cela donne lieu aux railleries les plus folles chez ses administrés, il y a lieu de s’interroger.
La scène n’a duré que quelques secondes, mais elle est devenue l’instant le plus commenté du « giga meeting » du Rhdp samedi à Yamoussoukro.
Devant une assemblée en effervescence place Jean Paul 2 de la capitale politique, Alassane Ouattara a fait un faux pas à la montée de l’estrade. Tombé au sol, le président de la République est relevé par sa garde. L’accident n’échappe pas aux nombreuses cameras présentes. En quelques minutes, la vidéo fait le tour de la toile.Elle suscitemême parfois de la joie chez des internautes qui ont osé écrire leur satisfaction en la partageant.
Pourtant il s’agit là du premier citoyen de la Nation. Sa chute, de surcroit en public, devait émouvoir tous les Ivoiriens.Au soir de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, même ses plus farouches détracteurs auraient dû manifester de l’humanité et de la compassion devant une telle scène. Malheureusement pour Ouattara,il n’est pas ce Président.
Il a transformé la fin de ce deuxième mandat, où il devait être un apôtre de l’unité et de la cohésion nationales, le garant de la toute première alternance pacifique en Côte d’Ivoire, au début d’une nouvelle crise politique dont il est le principal protagoniste.
Il n’est donc pas le Président en fin de mandats qui décide clairement et sincèrement de quitter le pouvoir comme l’a fait le nigérien Mahamadou Issoufou, donnant une leçon de démocratie à son pays et au continent africain.
Après avoir échoué à rassembler réellement les Ivoiriens, préoccupé qu’il est à conserver le pouvoir ou à y garder la main, il est en train d’échouer à créer les conditions d’une élection qui rassure tous les futurs candidats. Sa décision,déjà exprimée, de participer à cette élection si d’autres Ivoiriens de sa génération y participaient, fait de lui une cible à plusieurs titres. Non seulement il est l’adversaire de citoyens qui jugent anticonstitutionnelle sa prochaine candidature pour un troisième mandat, ou de démocrates qui rêvaient de le voir prendre de la hauteur et être l’arbitre impartial de ce scrutin. Enfin, il est l’adversaire de ses probables adversaires de cette élection et de leurs millions de partisans.
Voilà pourquoi, aussi banale qu’elleparaisse, sa chute à Yamoussoukro samedi dernier, arrive comme du pain bénit…
Elle donne des arguments concrets pour lui rappeler qu’en plus d’être inélégante, illégitime et illégale, saprobable candidature pour un troisième mandat est surtout inappropriée pour l’état physique du vieillard de 77 ans et affaibli qu’il est.
Cette maudite chute à Yamoussoukro et les moqueries qu’elle provoque, viennent s’ajouter à la risée que le parti au pouvoir et son leader continuaient de subir après un incident à la même connotation survenu moins de deux semaine plus tôt. A savoir le crash d’un MI 24 le 27 novembre à l’aérodrome de Katiola, à l’aube de la visite d’Etat dans le Hambol.
En effet, la vidéo du transfert à Abidjan sur des camions-charriots, de l’hélicoptère de guerreen épave, et celle d’un autre hélico qu’il avait percuté au sol pendant son mauvais atterrissage, a définitivement terni le précédent déplacement du Président Ouattara à l’intérieur du pays.
De même, ces regrettables secondes d’écroulement à Yamoussoukro restent à jamais ce que l’on retiendra de ce qui devait être une démonstration de force politique sur la terre d’Houphouet-Boigny, en guise de commémoration de son décès.
Cissé Sindou