Après l’assassinat du jeune Soro Kognon en 2018 à Korhogo, un autre partisan de Guillaume Soro a failli être tué mardi dernier à Paris par des loubards à la solde du Rhdp.
Jusqu’où nous mènera la confrontation entre partisans du Rhdp et ceux de GPS, le mouvement présidé par Guillaume Soro, l’ancien chef du Parlement ivoirien ?
La semaine dernière, cette guéguerre entre anciens camarades politiques a dépassé, à Paris en France, l’étape des joutes verbales pour atteindre celle de la violence physique.
Des immigrés ivoiriens pro-Rhdp s’en sont brutalement pris à l’un de leurs compatriotes pro-Soro. La victime, Ibrahim Soumahoro alias ‘’Soumahoro Ibra Colonel’’ a été surpris par ses bourreaux sur le site du Salon de l’Agriculture où il exerçait pour le compte d’une entreprise qui l’emploie.
Roué de coup et tombé sur sa nuque, il a été conduit à l’hôpital Georges Pompidou dans un état critique.
La scène de cette bagarre à ce salon international a certainement desservi une fois de plus l’image de la Côte d’Ivoire à la face du monde entier.
Cet incident a aussi montré le niveau élevé de la tension qui prévaut entre adversaires politiques ivoiriens, au point que celle-ci se déporte en Europe.
Mais cette agression a surtout annoncé un virage dangereux amorcé dans la crise pré-électorale dans le pays d’Houphouet-Boigny. Car cette violence a bel bien un lien étroit avec la réalité politique actuelle en Côte d’Ivoire. Un pays où l’atmosphère s’est davantage crispée depuis la série d’arrestations de cadres de GPS dont des députés, et le mandat d’arrêt international qui contraint à l’exil Guillaume Soro, président de ce mouvement politique et candidat déclaré à l’élection présidentielle prévue en octobre prochain.
N’est-ce pas cette situation nationale qui a amené le cyberactiviste Soumahoro Ibra à interroger dimanche dernier, en marge du Salon de l’Agriculture, un ministre de son pays ? A l’instar d’un ressortissant camerounais qui avait publiquement interpellé le Président français sur le même site la veille, et qui avait obtenu des réponses courtoises et rassurantes d’Emmanuel Macron sur la question des détenus politiques au Cameroun, le jeune ivoirien espérait sans doute pareille réaction de la part du ministre Kobenan Kouassi Adjoumani concernant les prisonniers pro-Soro. Hélas, il n’aura pas la même chance. Non seulement sur le champ l’officiel ivoirien a demandé que lui soit « arraché » le smartphone avec lequel il filmait la scène en direct sur Facebook, mais deux jours plus tard, la galaxie du Rhdp en France a choisi de lui faire payer son initiative pacifique par la violence physique.
Une riposte disproportionnée qui vient confirmer la préférence de la brutalité par les partisans d’Alassane Ouattara au lieu du débat citoyen et démocratique : la violence pour conserver le pouvoir, la violence pour éteindre toute critique gênante, et cela, jusqu’en terre étrangère.
C’est donc le moment de s’inquiéter sérieusement sur la suite des évènements.
Ces agressions physiques de pro-Rhdp ne finiraient-elles pas par appeler un jour une réaction de leurs adversaires qu’ils soient pro-Soro ou pro-Gbagbo ? Poussés à bout, les victimes de cette barbarie, qui a déjà coûté la vie au jeune militant du Raci à Korhogo, ne vont-ils pas un jour riposter à leur tour ?
La punition infligée à Soumahoro Ibra n’est pas à l’avantage des dirigeants ivoiriens contrairement à ce que ceux-ci pourraient croire. Car, en plus d’accentuer leur rejet au sein de l’opinion, cet incident revendiqué avec dédain et ostentation sur les réseaux sociaux par Touré Issiaka l’agresseur principal, pourrait malheureusement constituer le point de départ d’une mauvaise spirale de violences dans cette crise ivoirienne. Les conséquences sont imprévisibles pour tous, sans exclusion.
Cissé Sindou