Le titre de l’œuvre co-signé par le président Laurent Gbagbo et le journaliste François Mattei fait écho à la décision rendue, hier, par les juges de la cour pénale internationale (Cpi). Les magistrats ont à la majorité des membres prononcés l’acquittement de Laurent Gbagbo et Blé Goudé. Les deux personnalités ivoiriennes étaient maintenues depuis 8 ans dans les geôles de la prison de la Haye. Les deux hommes étaient poursuivis pour crimes contre l’humanité, meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, après les violences post électorales de 2010 et 2011. Des violences qui ont causé la mort de plus de 3000 personnes en 5 mois, selon les chiffres officiels. Les juges considèrent que le procureur n’a pas été capable d’apporter, suffisamment, de preuves pour démontrer que Laurent Gbagbo et Blé Goudé étaient à l’initiative d’un plan commun visant à se maintenir au pouvoir et de ce fait à user de violence pour y parvenir. Ils soutiennent par ailleurs que le procureur n’a pas démontré que les deux prévenus ont prononcé des discours de haine contre les populations civiles. Justice vient d’être rendue et cela est à d’honneur de cette cour. Par cette décision les juges ont montré qu’ils étaient de grands professionnels et vraiment indépendants. C’est justice rendu à un homme, Laurent Gbagbo, injustement accusé. Les accusations sont tombées une à une et Laurent Gbagbo peut savourer cette victoire, celle de la réalité. Mais reste désormais la vérité. Sur la question Laurent Gbagbo s’est lui-même prononcé. Il s’agit pour lui de dire qui a gagné les élections de 2010. La vérité des urnes est pour lui la clé qui va mettre fin définitivement, à cette crise postélectorale qui a débouché sur son transfèrement à la Cpi. En attendant qu’elle soit dite, chose que nous ne croyons plus, il y a lieu de laisser désormais Laurent Gbagbo venir prendre toute sa place au milieu des siens. Car ce pays a été bâti non seulement sur nos intérêts communs et sur notre détermination à résister à nos ennemis, mais aussi sur notre haine commune de l’injustice et sur notre refus de nous y soumettre. Ce ne sont pas les menaces et autres chantages honteux de Ouattara qui pourront détourner le peuple de ce noble objectif. L’avantage des populations face à tant d’oppressions, c’est qu’elles n’ont plus rien à perdre et qu’elles s’expriment sans crainte. Les méthodes du pouvoir soi-disant houphouétiste sont presque tous une sinistre plaisanterie et une insulte à la conscience collective. S’il ya choisi entre un candidat de l’opposition quelle qui soit, et un Rhdp moribond adepte de pratiques rétrogrades les ivoiriens n’hésiteront pas à faire le choix de l’opposant. La Côte d’Ivoire, notre pays fait triste à voir, depuis quelques temps. Elle donne, par les soins du pouvoir Ouattara, une affligeante image de sa jeune démocratie. Le peu de crédit dont jouit la justice ivoirienne est en train d’être entamée. Elle est devenue un instrument entre les mains du pouvoir qui en use selon son bon vouloir. L’injustice s’est transformée en règle de droit. Et comme si cela ne suffisait pas, l’arrogance et le mépris meublent le discours politiques des dirigeants au pouvoir. Oubliant les devoirs que leurs imposent leurs charges au sommet de l’état. Ils font peser sur ce pays les risques d’une déflagration.
Par Michel Beta
In ‘‘Le Bélier N°245 du mercredi 16 au mardi 22 janvier 2019’’