L’ordonnance rendue le 22 avril par la CADHP est une grande victoire judiciaire et politique pour Guillaume Soro, candidat à la future élection présidentielle ivoirienne.
La décision officielle d’Abidjan n’est pas encore connue face à l’ordonnance de la Cour Africaine des Droits de l’Homme est des Peuples (CADHP) concernant Guillaume et 18 ses proches en prison.
Au sommet de l’Etat ivoirien, les décideurs sont partagés entre un refus total d’exécuter cette ordonnance, et son exécution pour préserver l’image du pays. Pour couper la poire en deux, nous apprenons que le choix pourrait être fait de libérer les proches du président de Générations et Peuples solidaires (GPS) et de maintenir en vigueur le mandat d’arrêt émis contre leur leader en se prévalant d’une décision de condamnation qui pourrait tomber cette semaine à son encontre après un jugement par contumace à Abidjan.
Une telle exécution partielle de son ordonnance ne sera certainement pas agréée par la CADHP. Cette Courva sans doute exiger que sa décision soit entièrement appliquée par Abidjan. Par son attitude, le pouvoir montrera à tous que son seul but est d’empêcher Guillaume Soro de rentrer en Côte d’Ivoire et d’être candidat à l’élection présidentielle prévue en octobre 2020. Cet acharnement contre l’ancien président réduira non seulement l’estime du parti au pouvoir chez les Ivoiriens, mais elle va mieux convaincre la CADHP du complot au fond de ce dossier judiciaire. Et comme cela transparait dans les lignes de son ordonnance du 22 avril, cette Cour s’opposera à toute exclusion de Guillaume Soro de la prochaine élection présidentielle. Toute chose qui compromettrait la stratégie du régime ivoirien consistant à faire trainer un bras de fer avec la juridiction africaine pour espérer organiser cette élection en l’absence du député de Ferké. En convergence avec le verdict de sa Cour de justice qui exige dans son ordonnance du 22 avril une préservation des droits politiques de Guillaume Soro, l’Union Africaine recommandera à son tour que le leader de GPS ne soit pas écarté de cette élection.
Le pouvoir ivoirien pourrait-il se soustraire à une telle injonction ?
La candidature d’Alassane Ouattara à une élection en Côte d’Ivoire n’a-t-elle été possible que grâce à une intervention de la communauté internationale ? Déclaré vainqueur de la présidentielle de 2010 par la Commission électorale indépendante (CEI), n’est-ce pas encore grâce à l’intervention de la même communauté internationale qu’il a pu jouir de la plénitude du pouvoir. Le successeur de Laurent Gbagbo à la tête de la Côte d’Ivoire connait donc la force de la communauté internationale.
Or, comme le cas Ouattara hier, l’affaire Soro vient de prendre une dimension internationale. Au regard de la méthode cavalière par laquelle un mandat d’arrêt a été émis contre lui et les cadres de son mouvement, dont des députés, jetés en prison, la CADHPa très vite cerné l’acharnement et l’injustice à son égard, et une volonté d’instrumentaliser la justice pour le priver de son droit d’être candidat à l’élection présidentielle.
Donc, comme ce fut le cas devant le cas Ouattara en 2010, la Communauté internationale vient de découvrir que tout est mis en œuvre de façon déloyale pour empêcher Guillaume Soro de briguer loyalement la magistrature suprême de son pays.
Le signal envoyé par la CADHP et qui trouvera sans doute bientôt un écho auprès de l’UA, sera endossée par l’Union Européenne et l’ONU, des organisations dont les structures spécialisées ont déjà été saisies par les avocats de Guillaume Soro. Elles s’en référeront logiquement au verdict de la juridiction continentale africaine.
Cissé Sindou