Sama Damalan Henri César, ancien ministre de la Communication sous le général Robert Guéi, dans une analyse postée ce mardi a invité les dirigeants à ne pas rester sourds aux appels au dialogue de leurs peuples ou de leurs oppositions. Car, a-t-il ajouté, quand la misère et l'injustice dépassent les limites du supportable, même la mort ne constitue plus un risque. Elle devient une arme de combat.
Ci-dessous l’intégralité
Le monde s'effondre.
"Hier, c'était la France avec les gilets jaunes qui ont littéralement mis en pièce tous les fondements de cette République qui se vantait d'être la plus vieille démocratie du monde. Ils ont fait trembler toute la République et ses dirigeants qui n'ont dû leur salut qu'à un petit virus qui a engendré la Covid 19 . Grâce ou à cause de ce virus, ils connaissent aujourd'hui un petit répis avant que, nous en sommes certains, les choses ne reprennent sérieusement quand la pandémie aura été vaincue ou au mieux circonscrite. Aujourd'hui, c'est la grande Amérique qui , malgré cette même pandémie et, nonobstant les restrictions qu'elle impose aux libertés individuelles et collectives, fait l'amère expérience d'une révolte populaire suite à " l'assassinat" de Floyd par un raciste policier blanc. Qui aurait pu imaginer un seul instant la maison Blanche prise d'assaut par des manifestants en colère, contraignant les services de sécurité à placer le président de la première puissance mondiale dans un bunker ?
Dans les deux cas d'espèce,ni les armes, ni les services de sécurité,ni l'arrogance des deux présidents et leurs menaces n'ont pu faire fléchir la détermination des manifestants.
C'est dire que quand la misère et l'injustice dépassent les limites du supportable, même la mort ne constitue plus un risque. Elle devient une arme de combat.
Ces deux exemples devraient constituer des avertissements pour les dirigeants qui se fondent sur leurs propres certitudes pour rester sourds aux appels au dialogue de leurs peuples ou de leurs oppositions. Ils doivent savoir que le monde s'effondre et que toutes les certitudes deviennent incertaines. Rien n'est désormais plus figé et une petite cause peut tout faire basculer. Cet enseignement est aussi et surtout valable pour tous ceux et toutes celles qui se targuent d'avoir tout géré, tout calé et tout bouclé. Tirer leçons des expériences vécues sous d'autres cieux n'est pas une faiblesse. Bien au contraire. Ce serait faire preuve d'humilité et de sagesse pour s'épargner bien de désagréments.
Le pouvoir, comme aime à le dire Bertin Ganin, " c'est ce qui peut encore " . C'est donc pouvoir changer le fusil d'épaule quand cela est possible et s'inscrire dans une dynamique de dialogue constructif qui pourrait préserver l'unité d'une nation face aux bouleversements observés ici et là. À défaut de s'y résoudre, on court le risque de perdre son pouvoir et ses privilèges dans un monde qui chaque jour s'effondre.
Puisse la sagesse et l'humilité visiter nos dirigeants pour les sortir de leurs certitudes et leur entêtement pour leur propre bien et celui de leurs peuples.
Henri César Sama Damalan"