Suite à l’attaque meurtrière de Kafolo, un courrier dont Générations Nouvelles a reçu copie, et qui serait destiné au préfet de Tengréla, donne froid dans le dos.
Dans la soirée de samedi, une source militaire nous a adressé un mystérieux document. C’est une lettre manuscrite datée du 12 juin 2020. Elle n’est pas signée. Mais selon notre source, elle aurait été écrite par le chef d’un groupe extrémiste musulman et serait destiné au préfet de Tengrela, ville de l’extrême-nord ivoirien proche de la frontière malienne. La missive d’une page et demie se résume en ceci : L’attaque contre l’armée ivoirienne perpétrée dans la nuit du 10 au 11 juin à Kafolo à 140 km de Kong, devait initialement se faire dans la zone de Tengrela, précisément au poste de contrôle-frontière de Nigouni, ou à celui de « Papara sur l’axe de Fourou ». « Mais la récente opération dénommée ‘’Comoé’’ nous a fait changer d’avis. Notre action au nord-est de votre pays avait pour but de prouver à vos autorités que, par la grâce de Dieu, nous pouvons frapper quand, où, sur toutes vos positions que vous considérez comme sécurisées », peut-on lire dans ce courrier dont l’auteur rappelle que dans une précédente correspondance, il avait averti le gouverneur sur l’imminence de la phase « active » de leur action.
« C’est le commencement d’une grande phase d’actions de déstabilisation qui s’étendra sur bon nombre de points stratégiques de votre pays », ajoute-t-il.
Le projet funeste annoncé par ce courrier serait préparé depuis l’extérieur de la Côte d’Ivoire par des extrémistes religieux non Ivoiriens, mais avec l’implication, selon le même courrier, d’ex-combattants ivoiriens qui leur sont « fidèles ». Est-ce un projet réel ou un simple bluff ? Quoi qu’il en soit, plus rien ne devrait être négligé après l’assaut nocturne qui a coûté la vie récemment à une dizaine de nos soldats et en a grièvement blessés six autres à Kafolo.
Quatre ans après Grand-Bassam en mars 2016 où 14 civils et deux membres des Forces spéciales ont été tués par des agresseurs armés de kalachnikovs, cette attaque meurtrière du 11 juin 2020 semble confirmer que la Côte d’Ivoire est dans le viseur des groupes armés ‘’djihadistes’’.
L’attentat de Grand-Bassam, rappelons-le, avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
A part ce courrier non authentifié dont nous avons reçu copie, il n’existe encore à notre connaissance, aucune revendication officielle de la tuerie de Kafolo, mais tous les regards se tournent vers les groupes terroristes qui opèrent depuis une décennie dans la sous-région ouest-africaine, et dont des ramifications sont signalées depuis quelques années dans certaines régions du septentrion ivoirien. En témoigne le plaidoyer renouvelé ce week-end par Fanny Moussokouro Chantal, sénatrice de la région Folon, maire de la commune de Kaniasso, suite à cette autre agression survenue vendredi soir dans le district du Denguélé contre des agents des forces de sécurité ivoiriennes installés au poste avancé de Goueya, S/P de Mahandiana-Sokourani, dans le département de Kaniasso.
« Nous réitérons notre demande auprès de nos autorités politique et militaire pour une surveillance accrue et renforcée dans cette zone de la Région, où auparavant nous avons à plusieurs reprises attiré l’attention sur le fait que des « guides islamiques », de provenance pas souvent connue des populations, venaient s’installer couramment et exerçaient leurs activités sans pour autant collaborer de façon harmonieuse avec la population. Ces mouvements de masse de personnes non identifiées ont parfois créé des malversations et des malentendus entre ces personnes et la population, suscitant quelques incidents du fait du choix de ces personnes de vivre en autarcie, attitude contraire aux principes de vie des populations de la zone. De tels mouvements suspects dans toute la partie frontalière de la région, allant de Ouelli à Goueya en passant par Sokoro, avaient plusieurs fois fait l’objet d’interpellations de notre part », a rappelé l’élue proche du Rhdp citée par plusieurs confrères.
Comme on le voit, le mal terroriste est dans nos murs. Cette réalité est aussi reconnue par le ministre d’Etat ministre de la Défense Hamed Bakayoko, premier officiel à s’exprimer publiquement après l’attaque de Kafolo. Les populations désormais dans l’inquiétude attendent maintenant des actions concrètes pour repousser ce phénomène loin de la Côte d’Ivoire.
Cissé Sindou