Les obsèques de la chorégraphe ivoirienne Rose Marie Guiraud ont été fixées ce mois, avec pour apothéose l'inhumation le 31 juillet prochain dans son village natal à Kouibly. Mais depuis quelques jours, les membres du comité d’organisation sont aux abois parce qu’ils n’arrivent pas à réunir le budget fixé à 60 millions pour organiser les obsèques de celle qui a révolutionné la danse en Côte d’Ivoire.
Après le cri de cœur du comité d’organisation, nous nous sommes rendu le vendredi 10 juillet dernier à la Riviéra palmeraie, où se trouve l'école de danse et d'échanges culturels (EDEC) afin de rencontrer les élèves et pensionnaires qui sont dans le désarroi depuis le décès de leur "maman". Au sein de l’établissement, le constat est vite fait : l’EDEC est dans un état de délabrement très avancé. Surtout qu’elle a été inondée lors des dernières pluies qui ont touché plusieurs maisons et commerces dans le quartier.
Les premiers pensionnaires que nous avons rencontrés au portail qui fait peine à voir car en plus de la rouille qui empêche sa fermeture, la peinture verte a pratiquement disparu, et qui ont requis l’anonymat disent ne pas comprendre pourquoi organiser des obsèques avec un montant aussi élevé quand les "enfants" de Rose Marie Guiraud sont livrés à eux-mêmes.
"Il est vrai que nous sommes d’accord pour offrir des obsèques dignes à notre maman, mais nous pensons à notre avenir et à l’avenir de l’EDEC. Vous-même regardez l’état dans lequel se trouve notre école. Nous avons besoin de soutien et si le comité d’organisation utilise plus de 60 millions pour organiser, nous espérons qu’après, ils ne nous abandonneront pas à nous-mêmes", nous a confié un élève.
Même son de cloche pour certains riverains qui demandent que les autorités ivoiriennes jettent un regard à l’EDEC qui se meurt.
"Lorsque je suis arrivée dans ce quartier, cette école faisait notre fierté parce qu’il y avait souvent des soirées et des prestations et cela la faisait vivre. Après le départ aux Etats Unis de la fondatrice pour cause de maladie, les choses ont ralenti et aujourd’hui, les activités n’existent pratiquement plus. Même à son retour, Guiraud n’a pas réussi à relever les choses véritablement. Aujourd’hui, tout est mort et avec son décès, je crains que ce ne soit la fin de l’Edec", a renchérit une restauratrice, voisine de l’école.
Il y a quelques mois, Doris Irié , responsable de communication de l’Edec confait déjà ses craintes au confrère du site "afriksoir.net‘’ "La fondation Rose-Marie Guiraud vit difficilement grâce aux maigres moyens de maman. Elle s’occupe des orphelins, des enfants abandonnés, des enfants de parents démunis, des enfants qui veulent apprendre l’art de la danse sous toutes ses formes. Notre seule source de revenus, actuellement, c’est le groupe Les ‘’Guirivoires’’. Mais pour cela, il faut que le groupe soit sollicité pour des prestations. Nous avons un répertoire vraiment riche, mais nous travaillons tous les jours pour proposer de beaux spectacles quand on nous sollicite. Alors, il faut que les Ivoiriens sachent que Les ‘’Guirivoires’’, les Enfants de Marie Rose Guiraud sont là et qu’ils peuvent les solliciter pour des spectacles, L’EDEC en a besoin pour continuer d’exister’’, a-t-elle lancé
Pour ce faire, ils lancent un cri de cœur à l’endroit des ministres de l’Artisanat et du tourisme car à L’EDEC, il existe aussi des artisans qui produisent des œuvres de qualité valorisant le patrimoine ivoirien. Mais l’EDEC est aussi un site touristique à faire découvrir et Marie-Rose Guiraud est un Label mondialement connu.
Pour rappel, l’Ecole de Danse et d’Echange Culturel (EDEC) a été créée en 1973 par la chorégraphe Rose Marie Guiraud pour enseigner son savoir et son savoir-faire à tous ceux qui veulent apprendre.
Solange ARALAMON