La Côte d’Ivoire, depuis une dizaine de jours, est sans vice-président et sans Premier ministre. Le premier cité est décédé le mercredi 8 juillet dernier. Quant au second, il a démissionné de son poste le lundi 13 juillet 2020. Du coup, le président de la République n’a plus de suppléants et le gouvernement n’a plus de chef. Dès lors, quel problème pose véritablement cette situation ?
À en croire Dr. Geoffroy-Julien Kouao, politologue et écrivain ivoirien, interrogé par le confrère Afriksoir.net, " selon la constitution du 08 novembre 2016, l’exécutif ivoirien est composé du président de la République, du vice-président de la république et du gouvernement dirigé par le Premier ministre. Nous avons donc un exécutif tricéphale, c’est-à-dire un exécutif à trois têtes. De ce qui précède, la vice-présidence et la primature sont deux institutions distinctes de la présidence de la République. Le vice-président et le Premier ministre sont nommés par le président de la République. Le premier fait office de substitut, de dauphin en cas de décès, de démission ou d’empêchement absolu du président de la République, le second, lui, anime et coordonne l’action gouvernementale". Pour le spécialiste, cette situation pose un double problème juridique et politique.
"Juridiquement, en cas de vacance du pouvoir présidentiel, nous serons dans une équation juridique difficile à résoudre. En absence du vice-président, c’est le premier ministre qui devient président de la République de droit, or, nous n’avons ni vice-président ni Premier ministre", explique Dr. Geoffroy-Julien Kouao au confrère. Ajoutant que, politiquement, le Premier ministre est le chef du gouvernement et qu’autant sa démission concerne également le gouvernement qu’il dirige, autant sa disparition entraîne de fait celle du gouvernement. En d’autres termes, le Premier ministre étant décédé, le gouvernement n’est plus aux affaires. C’est donc le prochain chef du gouvernement qui nommera les collaborateurs avec qui il travaillera.
"Pour finir, le président de la République doit, en accord avec le Parlement, nommer au plus vite un vice-président de la République, en sus, nommer un nouveau Premier ministre qui sera chargé de former une nouvelle équipe gouvernementale", termine-t-il.
Voilà qui est clair, la nomination d’un vice-président et d’un nouveau Premier ministre est urgent pour le président de la République s’il veut être en conformité avec "le serment de l’article 58 de la constitution dans lequel il a juré de défendre et de respecter fidèlement la loi fondamentale".
Modeste KONE