La Coordonnatrice nationale d’Alternative citoyenne ivoirienne (ACI) Édith Pulchérie Gbalet, initiatrice de l’appel à la marche de protestation contre une candidature du président Alassane Ouattara à un troisième mandat présidentiel, à été arrêtée à Abidjan, dans la nuit de samedi à dimanche.
Auditionné lundi, il est reproché à Edith Pulcherie ainsi qu’à trois de ses collaborateurs les accusations suivantes:, trouble à l’ordre public, incitation à la révolte, appel à l’insurrection violence et voie de faits.
Cette arrestation, condamnée par des organisations pose une question essentielle. A qui la faute ?
Selon nos sources, des démarches en vue de sécuriser les marches ont été entreprises auprès du ministère de la Sécurité et de la Protections civiles et celui de l’Administration du territoire et de la Décentralisation. Malheureusement, elles sont restées sans suite.
Sans attendre longtemps, la marche a été lancée avec tout son corollaire de morts, de blessés et de dégâts matériels.
Une demande d’autorisation suffisait-elle pour enclencher cette marche ? Assurément pas. Surtout que pour une manifestation d’une telle envergure, il faut discuter de l’itinéraire afin de pouvoir mobiliser les forces de l’ordre pour encadrer les marcheurs.
Même si les organisateurs, dans leur impatience, y sont pour quelque chose, le gouvernement non plus n’est pas sans reproche.
A bien y voir de près, le gouvernement a donné l'impression de vouloir gagner du temps. Sinon, combien de temps faut-il pour déterminer un itinéraire de marche et mobiliser les forces de l’ordre qui ne sont pas des novices en matière de sécurisation de marche ? Et puis, ne nous voilons pas la face. Les autorités compétentes auraient-elles vraiment donné l'autorisation attendue pour ces manifestations ? Car, à entendre de nombreux pro-3e mandat, se serait se faire hara-kiri en permettant une telle manifestation.
En réalité, Pulchérie Gbalet et ses co-organisateurs ont fait preuve de beaucoup d'amateurisme dans la préparation de cette manifestation. Ne tenant pas compte du piège qui leur a été tendu par le pouvoir qui, lui-même, a su les pousser à la faute. Et pourtant, il aurait suffi d'un peu de bonne foi pour faire l’économie des morts et des destructions de biens publics et privés aux Ivoiriens qui ont encore en tête les évènements meurtriers de 2010-2011. Car, ce qui est la vérité, c'est que la population a le droit de manifester et les pouvoirs publics ont le devoir de les encadrer. Ne pas l'entendre ainsi, c'est poignarder mortellement les fondements de la démocratie et de l'Etat de droit.
Lambert KOUAME