Après le meeting du samedi 10 octobre au stade Félix Houphouët-Boigny, l’opposition dit se voir contraindre de passer à l’acte 2 de la désobéissance civile, consistant entre autres à empêcher le convoyage et la distribution de tout matériel électoral, empêcher l’affichage électoral et empêcher les meetings de campagne, a annoncé Pascal Affi N’Guessan, porte-parole de la plateforme de l’opposition, face à la presse.
Ci-dessous l’intégralité de ses propos liminaires
Conférence de presse de la plateforme de la désobéissance civile
Propos liminaires de Pascal Affi N’Guessan, porte-parole de la plateforme, candidat du FPI à l’élection présidentielle.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Chers amis de la presse,
Je vous remercie d’être présents nombreux, ici au siège du PDCI-RDA où nous accueille le président Henri Konan Bédié.
Vous avez répondu à l’invitation de la plateforme de l’opposition ivoirienne pour la désobéissance civile qui nous réunit tous autour d’un combat commun. Un combat sans merci contre le troisième mandat, pour une élection présidentielle juste, transparente et inclusive et au-delà de tout, pour la paix, pour la démocratie en Côte d’Ivoire.
Merci de nous donner aussi la possibilité, à travers vous et vos différents médias, de nous adresser directement à nos concitoyens.
Nous connaissons leur inquiétude devant les risques insensés, les risques démesurés pour la paix, qu’Alassane Ouattara fait courir à notre pays.
Nous savons leur désarroi, leur crainte de voir ressurgir le spectre de ces années de haine et de larmes qui sont encore dans toutes nos mémoires. Mais par-dessus tout, nous mesurons leur détermination, leur résolution, leur courage. Ce courage inouï dont ils ont fait preuve samedi pour rejoindre le giga meeting de l’opposition.
Rien n’a arrêté le peuple de Côte d’Ivoire, ce peuple amoureux fou de la liberté. Il a marché, parfois des kilomètres, bravant les barrages, les violences, les intimidations, passant outre à l’inquiétant dispositif militaire déployé aux abords du stade. Vous avez été témoins de ces scènes, vous les avez racontées.
Le régime a voulu intimider et museler le peuple de Côte d’Ivoire. Car un peuple qui se lève, c’est toujours une menace pour une dictature. Mais il n’a pas réussi et il ne réussira pas !
Rien n’arrêtera désormais le peuple de Côte d’Ivoire.
Rien ne l’arrêtera parce qu’il est animé par une soif ardente de changement. Une soif ardente d’en finir avec la dictature sournoise instaurée par Alassane Ouattara et qu’il entend perpétuer.
Pour nous, le Félicia se voulait une main tendue, un appel à la discussion, l’expression de notre volonté de négocier. Nous espérions que ce raz de marée humain, refusant de manière à la fois tranquille et résolue le tripatouillage électoral, l’exclusion de plusieurs candidats dont certains sont à mes côtés, la forfaiture du 3ème mandat, contraindrait le pouvoir au dialogue. Nous l’espérions parce que, à nos yeux, le règlement pacifique des conflits doit être la norme dans une Côte d’Ivoire mature.
Nous avons tous dans ce pays suffisamment souffert, collectivement, individuellement, pour connaitre le prix de la guerre et la valeur de la paix, pour savoir aussi que l’on ne perd jamais la face en donnant une chance à la paix.
Et pourtant, le régime est resté sourd à tous nos appels. Il prend sciemment, délibérément, le risque de plonger notre pays dans des affrontements dont nous ne voulons à aucun prix. Car il n’y a pas de pires violences que celles qui opposent les enfants d’un même pays. Alassane Ouattara en porterait seul la pleine et totale responsabilité :
- Seul face au peuple de Côte d’Ivoire qui dit NON !
- Seul face à la Communauté Internationale qui observe cette dérive dictatoriale avec consternation.
Parce qu’il est resté sourd à nos appels au dialogue, il nous contraint désormais à entrer dans une nouvelle séquence politique : l’acte 2 de la désobéissance civile.
Nous entrons dans la phase active de la désobéissance civile parce que nous y sommes contraints par l’aveuglement du régime.
Parce qu’il se sait minoritaire et qu’il ne peut pas gagner une élection transparente et démocratique, il a décidé d’opérer un passage en force, un braquage électoral. Le peuple ivoirien a le devoir de résister pour faire barrage à la forfaiture et de défendre la démocratie.
Ensemble nous lançons un appel solennel à nos militants, nos sympathisants, nos électeurs et au-delà à tous nos compatriotes épris de justice et de liberté. Nous leur demandons, avec gravité, de faire barrage, par tous les moyens légaux, au coup d’Etat électoral que s’apprête à commettre un président félon accroché au pouvoir.
Cette phase de la désobéissance civile vise à :
- empêcher le convoyage et la distribution de tout matériel électoral.
- empêcher l’affichage électoral.
- empêcher les meetings de campagne.
- empêcher la distribution et le retrait des cartes d’électeurs.
- manifester dans les formes et par tous moyens appropriés leur opposition au coup d’Etat électoral en cours.
Notre désobéissance civile est un acte de résistance à un double coup d’Etat :
- Un Coup d’Etat constitutionnel : Alassane Ouattara est inéligible. Donc maintenant Basta !
- Un Coup d’Etat électoral avec la prise en otages du Conseil Constitutionnel et de la CEI.
Ce qui est en cours ne s’appelle pas une élection présidentielle. Cela s’appelle au choix : Un coup de force ; Un coup d’Etat ; Un braquage ; une imposture, un simulacre… C’est à coup sûr une forfaiture !
Cela ne peut d’ailleurs pas s’appeler une élection présidentielle puisque celle-ci est rendue impossible par l’absence de représentants de l’opposition au sein de la CEI.
Comme cela ne s’appelle pas une élection présidentielle, le président Henri Konan Bédié et moi-même avons précisé hier que le processus en cours ne nous concernait pas.
Parce que nous sommes candidats à l’élection présidentielle, la vraie, nous ne pouvons être complices ou otages de ce simulacre. Et comme les Ivoiriens veulent une vraie élection présidentielle, loyale, transparente et inclusive, j’ai confiance en leur mobilisation pour la désobéissance civile.
Nous n’avons pas le droit de reculer. Ce serait trahir une cause historique ; bâtir une Côte d’Ivoire vraiment réconciliée et vraiment démocratique.
Nous irons jusqu’au bout parce que notre combat est juste ! L’histoire nous apprend que les combats justes l’emportent toujours.
Fait à Abidjan le 16 octobre 2020
Pour la plateforme de l’opposition
Pascal Affi N’Guessan