L’Apocalypse et la catastrophe annoncés n’ont pas eu lieu. La présidentielle du 31 octobre est terminée. Le ciel n’est pas tombé sur la tête des Ivoiriens. Le Conseil constitutionnel a validé les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante. Tous les pays qui comptent ont adressé un message de félicitation à Alassane Ouattara pour sa brillante élection malgré la désobéissance civile, le boycott actif et le Conseil national de transition. Les opposants qui ont refusé de répondre à l’appel du Premier ministre à la négociation à la veille de l’élection sont aujourd’hui à la recherche du dialogue pour se remettre en selle. Certains sont derrière les barreaux et d’autres en cavale ou tout simplement en exil intérieur, bien planqués, muets comme des carpes d’eau douce. Pourtant, il leur suffisait juste de jouer le jeu de la démocratie pour connaitre un sort bien meilleur. Le président Bédié qui n’a pas su déceler le piége que lui ont tendu ses adversaire GOR et GPS, a grillé sa derrière cartouche pour espérer reconquérir le pouvoir d’Etat. Au lieu que toute l’opposition se mobilise derrière Nzueba , pour essayer de lui donner une chance sur 1000 de réaliser son record Guinness qui consiste à quitter le pouvoir par coup d’Etat et revenir 20 ans après diriger ce même pays, ils ont préféré le boycott suicidaire.
A 86 ans révolus, il ne lui reste plus qu’à négocier une bonne sortie de la scène politique. Affi Nguessan, lui, devrait sans gloire remettre les armoiries du Fpi à son fondateur qui, dit-on, arrive avant les fêtes de fin d’année, après une décennie passée loin du pays dans la réflexion.
Toutes les cartes sont désormais entre les mains du Président Ouattara. Le jour où Gbagbo l’appellera, et fera son mea culpa, un grand pas sera franchi sur le chemin de son retour au pays natal. A la veille du scrutin du 31 octobre, l’ancien président a apporté dans une interview son soutien ferme et résolu à l’opposition. Mais cette manœuvre pour galvaniser les casseurs n’a pas ébranlé Ouattara. La balle est désormais dans le camp de Gbagbo qui a certainement compris que ni le chantage, ni la menace ne peut faire fléchir le Président Ouattara. Par le dialogue et les méthodes civilisées, il pourra retrouver sa dignité perdue. Mais, par les actes de terrorisme et de violence orchestrés par ses partisans fanatisés et encagoulés, il ne peut rien obtenir du régime d’Abidjan. A preuve, il vient de réceptionner ses deux passeports ordinaire et diplomatique sans avoir mis un pistolet sur la tempe de Ouattara. Cela infère que le chef de l’exécutif ivoirien est dans de bonnes dispositions d’esprit. Mais à toutes fins utiles, il est bon de savoir que le passeport n’est pas un titre de voyage mais un document d’identification. Gbagbo a bel et bien été condamné à 20 ans pour le casse de la Bceao. On ne saurait oublier que son refus de céder le pouvoir au président démocratiquement élu en 2010 a fait 3000 morts. Et pour cette raison, des militaires qui ont commis les pires exactions sous son commandement sont en prison. Gbagbo peut-il rentrer triomphalement au pays sans que ce débat ne soit ouvert et le contentieux vidé ? Assurément, non. Gbagbo sait qu’il doit parler directement avec Ouattara et sans intermédiaire. C’est salvateur pour lui. Gbagbo n’est donc pas fou pour rentrer sans aucune disposition comme veulent le faire croire certains de ses partisans. De toute façon, la fin de l’année n’est pas loin. Nos regards sont tournés vers Port-bouët.
S.W