Opposition ivoirienne, le peuple vous regarde





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Partagée entre sa participation ou non aux prochaines élections législatives, l’opposition ivoirienne devrait se poser les bonnes questions.    

Après l’élection controversée du 31 octobre 2020, et la prestation de serment d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat très contesté, le défi principal que doit relever l’opposition ivoirienne est de rester en phase avec le peuple qui l’a soutenu dans sa lutte contre ce mandat non constitutionnel.

Soudée hier pour obtenir le report de la présidentielle du 31 octobre qu’elle a trouvée non crédible et non inclusive, cette opposition est aujourd’hui menacée par une division autour de sa participation ou non aux prochaines élections législatives. Elle est partagée entre une participation sans préalable à ce scrutin, comme l’a déjà décidé le FPI tendance Laurent Gbagbo, et le refus d’y participer si les grandes exigences communes ne sont pas satisfaites, à savoir,  la mise en place d’une Commission électorale indépendante (CEI) consensuelle, le retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, de Guillaume Soro,de Charles Blé Goudé, de Noël Akossi Bendjo et l’abandon des poursuites judiciaires contre eux, la libération des détenus politiques dont l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan,et l’ancien ministre et actuel secrétaire exécutif en chef du PDCI, Maurice Kacou Guikahué. Ces revendications ont été inscrites parmi les principaux points du dialogue national demandé au pouvoir Rhdp par Henri Konan Bédié, le chef de file de l’opposition lors d’une adresse à la nation le 9 décembre dernier. Le gouvernement a botté en touche en initiant son propre dialogue aux contenu et aux contours définis de façon unilatérale. Alors, question : si les grandes attentes de l’opposition ne sont pas satisfaites avant les prochaines législatives, devrait-elle tout de même y participer pour éviter la politique de la chaise vide ? Des voix s’élèvent depuis quelques jours pour fustiger la décision du FPI tendance Gbagbo de présenter des candidats à ce vote. Ces voix considèrent que cette participation viendra davantage légitimer le pouvoir d’Alassane Ouattara après la première légitimation que ce pouvoir a déjà tirée de la présence de représentants du Pdci et du FPI à la table des négociations initiées par le gouvernement. Pour ces contestataires pro-opposition qui s’expriment notamment sur les réseaux sociaux, cette participation constituera une haute trahison vis-à-vis des populations qui ont payé un lourd tribut pendant les manifestations anti-3e mandat d’août à novembre 2020.

Nous estimons, nous aussi, que l’avis de ce peuple certes silencieux, mais qui s’est clairement exprimé par son absence massive des urnes le 31 octobre, doit primer. Serait-il prêt à se mobiliser pour ces législatives si le pouvoir continuait à ruser avec ses opposants jusqu’au jour du vote sans véritablement procéder à une réforme consensuelle de la CEI ? Serait-il prêt à avoir un engouement pour cette élection alors que la lumière n’est pas faite sur la mort de plusieurs manifestants dont les familles n’ont pas encore fait leur deuil ? Avec ou sans le retour de Laurent Gbagbo comme l’a prédit le FPI-GOR, sans le retour des autres exilés et sans la libération des cadres et de centaines de citoyens mis arrêts pour leur opposition au 3e mandat de Ouattara, faut-il s’attendre à une motivation des partisans de l’opposition à se déplacer massivement pour ce vote ? Faut-il par ailleurs espérer un réel engouement des Ivoiriens pour ces législatives en l’absence d’un climat de paix et de quiétude, et des réponses à la pauvreté et aux difficultés quotidiennes qui les préoccupent ? La décision finale des opposants devrait tenir compte d’autant de questions importantes, au risque de s’engager dans une nouvelle voie sans issue.

Cissé Sindou    

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