Témoignage hommage d’Affi N’Guessan à Hamed Bakayoko : " Je sais ce que je lui dois"





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La nation ivoirienne a rendu dans la matinée du mercredi, au palais présidentiel, un hommage au Premier ministre Hamed Bakayoko, décédé le 10 mars en Allemagne des suites d’un cancer. Après cette cérémonie, c’était au tour de sa formation politique le RHDP et des autres partis de lui rendre hommage au stade d’Ebimpé.

Dans son témoignage hommage, le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan a relevé les qualités de rassembleur, d’un homme qui était animé d’un sincère esprit de réconciliation, d'unité et de fraternité.

"Il y a un peu plus de deux ans, lors de la disparition de son père, Anliou Bakayoko avec qui j’avais travaillé, Hamed m'avait demandé d’apporter mon témoignage. C’était lors de la veillée funèbre. A l’époque, son geste m’avait touché. J’avais ressenti cela comme une marque d’affection à mon égard, de fraternité. Jamais, je n’aurais pu imaginer, qu’aujourd’hui, c’est de lui que je vous parlerais. Comme vous, j’ai été frappé de sidération à l’annonce de sa brutale maladie. J'ai encore du mal à accepter qu'Hamed nous a quitté définitivement. Comme vous, comme tous nos compatriotes, ma peine est aujourd’hui immense.

La fraternité, c’était ce qui nous unissait au-delà de nos différences, de nos divergences. Car si Hamed avait des adversaires politiques, il ne les considérait, jamais, comme des ennemis. Hamed était combatif, totalement loyal à ses convictions, mais inlassablement désireux de préserver ce qui était pour lui l’essentiel : le dialogue. Et sur ce point, nous nous retrouvions toujours. Autour de cette volonté de ne pas couper les ponts, de bâtir des passerelles entre des positions, a priori, inconciliables. Il était animé par un sincère esprit de réconciliation, d'unité et de fraternité.

Je garde en mémoire cette année 2016, ces tensions autour de la réforme constitutionnelle que nous, au FPI, nous contestons vigoureusement. Notre désaccord aurait pu se traduire par un affrontement plus brutal, s’exprimer dans la rue. Et finalement sa capacité de dialogue, son esprit d’ouverture ont permis d’éviter une forme de radicalité qu’aucun de nous ne souhaitait pour notre pays.

Je n’oublie pas non plus notre face à face toute l’année 2019 autour de la réforme du cadre juridique des élections de 2020. Là encore, nous avons pu, avec lui, grâce à lui, ensemble, négocier, colmater des brèches, avancer, progresser. Cela n'a pas suffi, nous n'étions pas les seuls acteurs, mais la volonté de dialoguer a prévalu.

Plus récemment après la grave crise que nous venons de traverser, il a su rassurer mes camarades. Il leur a promis qu’il ferait tout pour favoriser la libération des prisonniers. Je sais qu’il a tenu parole et joué ce rôle si précieux de facilitateur. Je sais ce que je lui dois. Je sais que pendant toutes ces années où nous n’étions pas toujours en phase, il a systématiquement œuvré à maintenir le contact, à ne pas couper ce lien d’apparence fragile entre nous, ce lien qui était en réalité très solide. Au-delà de ses éminentes responsabilités au service de notre pays, Hamed a finalement toujours été pour moi celui qui savait tendre la main, dans les moments de grande difficulté. C’est peut-être cela la vraie générosité. C’est pour cela que l’émotion traverse aujourd’hui toute la société ivoirienne.

Alors j’ai pour ma part une conviction : celle que sa disparition nous oblige, les uns et les autres. Elle nous oblige à rester fidèles à cet esprit de dialogue. Elle nous oblige à ne pas oublier que la rupture mène toujours à l’impasse. Elle nous oblige à retrouver le chemin de l’unité. Elle nous oblige à prendre le risque de la réconciliation. C’est en réalité le plus bel hommage que nous pourrions lui rendre.

En ce moment où notre Nation est unie dans un même recueillement, je présente mes condoléances à son épouse Yolande, à ses enfants, à l’ensemble de sa famille, au président de la République, Alassane Ouattara, aux membres du gouvernement qu’il dirigeait, au RHDP, sa famille politique, à ses collaborateurs, à ses amis, si nombreux, à ses frères de Séguéla, à ceux d’Abobo et à tous les Ivoiriens qui le pleurent aujourd’hui".

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