L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et son ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé seront situé sur leur sort le 31 mars, relativement à l’appel du procureur Fatou Bensouda, contre leur acquittement.
Mais avant cette date, Charles Blé Goudé revient sur les circonstances de son transfèrement à la Haye il y a sept ans
7 ANS DÉJÀ
Il y a des dates que l’on n’oublie jamais.
20 Mars 2014, Tito (chef geôlier) et ses éléments FRCI font irruption dans ma cellule et me sortent brusquement de mon sommeil.
Je ne saurai vous dire quelle heure il était ; je n’avais pas le droit d’avoir une montre. Cette nuit-là, Tito (chef geôlier) et ses hommes me bandent les yeux et m’embarquent dans un véhicule. Nous avons roulé des heures et des heures. Un moment, J’ai pensé à un transfert à Bouaké. Finalement nous retournons à la DST. Je suis installé sur une chaise où je reste assis les yeux bandés toute la nuit. Lorsqu’on m’enlève la cagoule, je vis les rayons du soleil à travers les fenêtres : il est matin. Me voici face à face avec le lieutenant Brou, un officier de la DST. Il ordonne que je sois conduit dehors. Un cortège impressionnant m’y attendait. Très vite on m’embarque et le cortège démarre. Après quelques minutes, me voici en face du procureur Adou Richard. Il était particulièrement sous pression ce jour du 21 Mars. Il m’informe qu’une avocate commise d’office m’assistera. Je lui oppose un refus catégorique, et j’exige la présence de mon collectif d’avocats.
Maître Nomel, membre de mon collectif d’avocats fait son entrée dans le bureau du procureur et lui indique qu’il n’a pas le droit de m’interroger en l’absence de mes avocats. Le procureur réplique en ces termes : « selon le statut de Rome ... ».
Surpris, je demande à Maître Nomel, ce que venait faire le statut de Rome à Abidjan. Il m’informe que la veille (20 Mars 2014), le gouvernement de mon pays avait décidé en conseil de ministre mon transfèrement à la CPI. Aux pas de course, on me conduit Manu militari au palais de justice au plateau. La chambre d’accusation siège rapidement pour donner une coloration juridique à la décision politique du gouvernement : c’est décidé, je dois être transféré à La Haye. La journée du 21 Mars 2014 fut particulièrement agitée. Quelques camarades étaient là pour me soutenir, la police aussi pour réprimer. Mon épouse, accompagnée de maman Kili, était là pour me soutenir. Elle a été molestée par les hommes du général kouyaté, commandant du CCDO au moment des faits.
Vers 17h, on me ramène à la DST où j’ai passé ma dernière nuit. Le lendemain, 22 Mars 2014 à 11h, j’embarque à bord d’un avion belge, direction les Pays-Bas. C’est finalement dans la nuit du 22 au 23 Mars 2014 vers 1h du matin que j’arrive à La Haye pour être admis au centre de détention de scheveningen. Aujourd’hui 23 Mars 2021, cela fait exactement sept ans jour pour jour que je suis maintenu ici.
Merci à tous et à toutes pour vos prières et votre soutien.
Merci à Solange (mon épouse) pour sa fidélité et sa loyauté.
Merci à tous mes camarades du COJEP d’être restés constants dans leur engagement.
Merci à tous les avocats ivoiriens qui m'ont gratuitement assisté pendant ma détention en CI
La CPI n’est pas la fin, c’est un autre commencement
Restons en union de prière pour le 31 Mars 2021
Ce que Dieu a commencé, il va terminer
Charles Blé Goudé