Décès du Cheikh Al Aïma Mamadou Traoré: l’hommage émouvant du Père Norbert Abékan au "grand homme de foi" qui "ne s’enflent pas d’orgueil"





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HOMMAGE DU PÈRE NORBERT-ÉRIC ABEKAN AU CHEIKH AL AÏMA MAMADOU TRAORÉ, PRÉSIDENT DU COSIM, DÉCÉDÉ LE 13 AVRIL 2021.

Le dialogue islamo-chrétien a perdu une grande figure en la personne du Cheikh Al Aïma Mamadou TRAORÉ, Président du COSIM, décédé à Abidjan ce 13 avril 2021, premier jour du mois de Ramadan.

C'est avec une profonde consternation que j'ai appris ce jour la disparition de ce grand leader spirituel. Le Cheikh Aïma Mamadou TRAORÉ représentait la figure de ces grands hommes de foi profondément humains, qui ”ne s’enflent pas d’orgueil” selon l’expression coranique.

Passeurs entre les deux rives, moi en tant que curé de la paroisse Notre-Dame de la Tendresse de la Riviera-Golf et lui, Imam principal de la Grande Mosquée de la Riviera-Golf, avons agi avec dévouement pour la promotion du dialogue interreligieux tant au niveau de nos lieux de culte qu'au niveau national.

Tous les deux, pendant 12 ans, nous avons oeuvré à la construction des ponts d'amitié et de fraternité entre nos communautés afin que soit instauré un cadre tangible du vivre-ensemble.

Dans ce sillage, le Cheikh Mamadou TRAORÉ était pleinement conscient que le destin de nos communautés était lié à ces initiatives de rapprochement et d'entente cordiale.

Son engagement pour le dialogue islamo-chrétien était exemplaire. Il était touché par les ”nombreuses semences de vérités” contenues dans nos actions réciproques.

L'illustre disparu a, pour ainsi dire, approfondi sa foi de musulman au contact des chrétiens. Tout comme, en tant que chrétiens, nous approfondissons la nôtre au contact de nos amis musulmans comme le Cheikh Mamadou TRAORÉ.

Il était un de ces grands hommes de foi qui respectent l’autre, qui se sont mis à l´école du dialogue, des peuples et de leur croyance.

La mort de cette figure religieuse exceptionnelle de notre temps marque profondément les catholiques ainsi que tous les croyants qui se reconnaissent dans les valeurs de fraternité humaine et d'amitié sociale dont parle le pape François dans sa lettre encyclique FRATELLI TUTTI (Tous frères !).

Nous nous estimions mutuellement, comme frères conscients, me disait-il, que nos convergences sont essentielles et que le Mystère de la différence nous échappe.

En cette circonstance particulièrement douloureuse, j'adresse ma plus profonde émotion et mes sincères condoléances d'abord à la famille biologique du disparu ensuite à la communauté musulmane de Côte d'Ivoire.

Je mesure la douleur qui est la vôtre et partage par la pensée le deuil qui vient de frapper nos communautés de foi.

La Côte d'Ivoire vient de perdre un ardent artisan du dialogue interreligieux. Et c'est le cas de le dire, sa mort est une immense perte pour la communauté nationale.

Avec le Cheikh Mamadou TRAORÉ, nos actions, sans syncrétisme ni relativisme, étant de nous rapprocher et de servir, par le bel-agir nos communautés et l’humanité.

C’est ce souffle qui doit être perpétué et transmis aux nouvelles générations.

Demandant au Seigneur d'accueillir le défunt dans la paix et dans l'éternité de Son Royaume, je demande au Seigneur de faire descendre sur ceux qui sont touchés par cette mort l'abondance des bénédictions divines, gage de réconfort et d'espérance.

Adieu l’ami, Adieu le frère !

Abbé ABEKAN Norbert-Éric, Curé de la paroisse Sainte Famille de la Riviera 2, Archidiocèse d'Abidjan, Côte d'Ivoire.

 

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