Dans un communiqué dont pressecotedivoire a reçu copie, Geneviève Bro Grébé , la présidente du Mouvement Citoyen pour une Nouvelle Côte d’Ivoire ( MCNCI) rend un vibrant hommage au professeur Aboudrahamane Sangaré, décédé il y a quelques jours .
« Si je meurs, enjambez mon corps. Moise n’est pas entré dans la terre promise. Je ne sais pas si je verrai la terre promise. Mais si je meurs continuez le combat … » Ces paroles sont du professeur ABOUDRAHAMANE SANGARE en personne. Paroles d’une rare profondeur, paroles jaillissant d’une préscience qui dépasse les limites de l’intelligence humaine à l’approche du voyage sans retour.
Le Mouvement Citoyen pour une Nouvelle Côte d’Ivoire, résolument engagé dans la prise de conscience de la nécessaire réconciliation des enfants de ce pays ne peut se tenir en marge des hommages mérités et dus au gardien du temple, Véritable icône de la lutte et de la résistance dans le champ politique ivoirien et africain.
Le Mouvement Citoyen pour une Nouvelle Côte d’Ivoire
salue en toi les valeurs de loyauté, de fidélité et de probité morale, socle indispensable à l’élaboration de tout projet collectif. Ces valeurs éthiques et morales sont celles que veut porter le Mouvement Citoyen pour une Nouvelle Côte d’Ivoire.
Ton exemple sera et restera un repère pour les jeunes générations qui n’ont sous les yeux que des modèles de perfidie et d’engagement fluctuant au gré des intérêts du moment.
Qu’il nous soit ici permis de citer Laurent Gbagbo, ton jumeau, ton alter égo lui-même :
« Depuis 1971, tu as été de tous les combats, sans relâche, dans la loyauté et la fidélité à nos idéaux … tu es resté le gardien fidèle de notre instrument de lutte : le FPI. Après tant de sacrifices, alors que tout t’autorisait à réclamer la primauté, tu t’es toujours refusé de solliciter une quelconque prime particulière…. Cette posture de grande dignité a contribué à te hisser au sommet du parti dans la conscience de tous nos militants qui, à juste titre, t’ont décerné le titre de « gardien du temple ».
Est-il possible de te rendre meilleur hommage, éminent Professeur ?
Le Mouvement Citoyen pour une Nouvelle Côte d’Ivoire, estime pour sa part que les jeunes générations que tu as portées dans ta vision et dans ton engagement se sont étendues bien au-delà du cadre formel du FPI, ton instrument de lutte. Que ta soif de liberté s’est étendue à tous les cœurs porteurs du même rêve de liberté et de démocratie dont l’Afrique toute entière a aujourd’hui besoin afin de se réinventer dans le concert des nations.
Revenons sur la symbolique biblique choisie et voulue par toi-même, dans les chapitres 13 à 16 du livre des Nombres. Moise n’a pas vu la terre promise. Il y a envoyé des explorateurs choisis parmi les douze tribus. A leur retour ils ont déclaré y avoir vu le pays où coulent le lait et le miel, certes, mais aussi un pays habité par des géants, les fils d’Anak à coté desquels, ont-ils dit, « nous sommes comme des sauterelles ».
Le compte rendu des promesses liées au lait et au miel, mais aussi de l’ampleur et l’âpreté des batailles à venir, eu égard à la taille de l’adversaire, divisa profondément les enfants d’Israël et l’on murmura dans le camp contre Dieu et contre Moise jusqu’à la révolte de Koré.
Et la division s’installa dans les cœurs. Moise eut le mérite de trouver une réponse à cette division pernicieuse et la conquête de la terre promise fut rendue possible par Josué, son digne successeur.
Notre terre promise à nous c’est l’idéal des libertés démocratiques, de la dignité et de la souveraineté à même de favoriser une Côte d’Ivoire nouvelle, belle et prospère pour ses fils et les habitants de ce pays. Mais notre aspiration se heurte à des intérêts personnels et géostratégiques dominants qui nous imposent une autre cadence.
Dis-nous avant de partir, Professeur qui sera ton Josué ? Qui sera l’instrument par lequel, de là où tu es, tu rassembleras à nouveau ton instrument de lutte initial, le FPI ainsi que les milliers de volontés qui s’y reconnaissent ?
Si tu pars en laissant ta famille politique divisée, si tu pars en laissant sans réponse toute cette jeunesse, qui a offert sa sueur et son sang aux heures les plus chaudes, autant le dire très clairement, la conquête de la terre promise sera compromise. Car dans la division, qui donc pourrait enjamber ton corps pour continuer la lutte ?
Ton frère, ton jumeau te pleure depuis la Haye. Ecoutons-le encore : « Soumis aux mêmes souffrances, notre destin commun nous a portés de l’unicité politique à l’unicité familiale. Une fraternité née des épreuves nous unit. Tu me l’as prouvé plus d’une fois »
Dans la lutte, ton jumeau et toi vous êtes devenus une famille dans la fraternité née des épreuves. Cette famille s’est étendue et son lien sacré rassemble des milliers et des milliers de consciences, comme dans un véritable sacerdoce.
Ton frère, ton jumeau te pleure depuis la Haye ;
Sur les bords de la lagune Ebrié, les ivoiriens te pleurent
Et nous pleurons en même temps Marcel Gossio ainsi que tous ces grands noms de la lutte patriotique ivoirienne.
Quand tu as choisi d’aller te coucher à Ivosep aux côtés de Marcel Gossio n’est-ce pas un message de rassemblement que tu voulais nous transmettre ?
Notre volonté commune de réconciliation à l’échelle de la nation, aura-t-elle une quelconque portée si nous ne surmontons pas les clivages de la division ?
Professeur, nous avons saisi l’essence de ton message ; nous irons rassembler ceux qui ont compté pour toi, et ceux pour qui tu as compté, pour que le cri de nos larmes opère le miracle du rassemblement.
Les morts ne sont pas morts.
Professeur parle à ton frère jumeau. Car il nous a dit « Si Sangaré tient, je tiendrai »
Moise, même mort a tenu en rassemblant les fils d’Israël.
Tu peux tenir, même dans la mort, en restaurant le lien sacré de la famille. Tu peux tenir en rassemblant les tiens dans l’épreuve de ton départ. Ainsi ton jumeau tiendra
Parle à ton jumeau.
Parle à Simone, ta sœur
Parle à Affi, ton fils.
Sinon quand Abouo N’dory Raymond et Kouakou Firmin viendront avec Gossio pour te demander les nouvelles d’ici bas, que leur diras-tu ?
Le Mouvement Citoyen pour une Nouvelle Côte d’Ivoire, affirme que ici et maintenant s’impose le concept « asseyons-nous et discutons …»
Que chacun tende la main à l’autre. Votre peuple vous le demande. Votre peuple vous le commande. Et les nombreux morts pour la patrie vous le recommandent.
REPOSE EN PAIX PROFESSEUR ! TU LE MERITES'' a-t-elle écrit.
Solange ARALAMON