Pour satisfaire leur égo, les chefs d’Etat de la Cedeao ont choisi de maintenir leurs sanctions contre le Mali, suite à leur camouflet devant la Cour de justice de l’Uemoa.
S’il est prématuré, à ce jour, de se prononcer sur l’issue du bras de fer qui se poursuit entre la Cedeao et la junte malienne, l’on peut affirmer que la junte dirigée par le colonel Assimi Goita, a remporté la bataille du droit.
En effet, pour justifier ses sanctions prises en janvier dernier contre le Mali, la Cedeao a évoqué, entre autres, le fait que les cinq années et demie de transition initialement souhaitées par le régime militaire, allaient au-delà d’un mandat constitutionnel au Mali.
En exigeant la tenue d’élections démocratiques dans un très court délai, la Cedeao entendait défendre le droit des citoyens maliens de choisir eux-mêmes leurs dirigeants.
L’organisation sous-régionale tentait ainsi de prouver que c’est bien le respect des droits et de la volonté du peuple qu’elle essaie de défendre.
De leur côté, face aux mesures si dures, imposées au pays par la Cedeao, les militaires ont eux-aussi opté pour la voie du droit. Et, l’ordonnance qu’ils ont obtenue de la cour de justice de l’Uemoa demandant la suspension des mesures économiques et financières prises contre le Mali, est un véritable camouflet pour les ‘’démocrates’’ de la Cedeao.
Ces chefs d’Etat, déterminés à abréger la transition malienne, en réalité pour dissuader tous autres projets de push dans la sous-région y compris contre chacun d’eux-mêmes, ont ignoré à quel point leurs décisions violeraient un droit plus capital pour les populations maliennes : le droit à la vie. C’est ce que dit en d’autres termes la cour de l’Uemoa dans son ordonnance du 24 mars 2022.
Cette juridiction accède à la requête de sursis introduite par les avocats de l’Etat du Mali. Ils ont bien démontré comment ces sanctions « sont dommageables à plus d’un titre en ce qu’elles constituent un frein à la libre circulation des biens, des services et des personnes, et s’analysent en une arme efficace pour asphyxier économiquement et financièrement le Mali, pays enclavé sans accès au littoral dont le commerce dépend… ».
En plus de remporter cette bataille du droit, les autorités maliennes ont consolidé leur victoire dans la bataille de l’opinion. Humiliés, les chefs d’Etat de la Cedeao ont ouvert un nouveau front, celui de l’égo.
Ainsi, au sortir de leur sommet du 25 mars dernier, ils ont maintenu les sanctions. Ils ont exigé de nouveau que la transition au Mali ne dure que 12 à 16 mois supplémentaires pour permettre une levée progressive des sanctions. Ce qui équivaut à un rejet des 36 à 24 mois proposés par les autorités maliennes qui ont décidé de revoir à la baisse leur ambition initiale d’une transition de cinq ans et demi.
Pour rappel, l’Uemoa a suspendu le Mali de ses organes, endossant des sanctions prises par la Cedeao le 9 janvier 2022, notamment le gel des avoirs financiers d'environ 150 personnalités liées à la junte malienne, et des sanctions additionnelles vigoureuses incluant notamment des sanctions économiques et financières.
Dans la foulée du sommet de l'Uemoa, la Cedeao avait annoncé la fermeture des frontières avec le Mali et suspendu les échanges financiers et commerciaux autres que de produits de première nécessité.
Cissé Sindou