La CEDEAO dont la crédibilité est mise à rude épreuve va-t-elle laisser le Mali, le Niger et le Burkina sortir de ses rangs ?
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont, de façon unanime, décidé de quitter la Cedeao. Ils disent constater avec beaucoup de regrets, d'amertume et une grande déception que l’Organisation s'est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et panafricanistes. Poursuivant, ils estiment que la CEDEAO, sous l'influence de puissances étrangères, est devenue une menace pour ses Etats membres et ses populations dont elle est censée assurer le bonheur.
Tout est parti des coups d’État perpétrés dans ces pays et à l’issue desquels la CEDEAO a imposé des sanctions que les nouveaux régimes installés qualifient d’« illégales, d’illégitimes, d’inhumains et d’irresponsables ». La raison est que selon eux, ces sanctions interviennent à un moment où ces pays s’attendaient à un soutien de l’Organisation face au terrorisme qui frappe durement leurs pays.
Ce retrait serait donc justifié par le fait que les autres États-membres ne leur ont pas apporté un quelconque soutien dans la lutte contre les jihadistes. Dans un tel contexte, pourrait-on, comme certains, parler de décision prise sur un coup de tête ou de coup de bluff comme le soutiennent d’autres ? Pour Hama Hamadou, ancien président de l'Assemblée nationale du Niger, ancien exilé, c’est une décision véritablement murie.
Dans tous les cas, en créant l'Alliance des États du Sahel (AES), le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont conscients des conséquences de cette décision tant sur la circulation des biens, des personnes et des capitaux que de leur représentativité au sein des organes de cette organisation. Avec cette décision, l’Alliance des Etats du Sahel sait qu’elle doit aussi redéfinir ses relations avec la CEDEAO.
En réalité, que pouvaient-ils (Etats du Sahel) craindre de pire quand les sanctions à eux imposées par la CEDEAO leur coupaient tout ou presque, avec les autres pays de l’organisation ? De sorte qu’ayant le dos au mur, ils n’avaient plus d’autre choix que de se retirer de l’organisation sous-régionale. histoire de dire, de toutes les façons, à la guerre comme à la guerre. Ces trois nations ont poussé un pion en se retirant de la CEDEAO. L’effet recherché pourrait être de contraindre l'oraganisation commune à lever les sanctions prises contre elles.
Après le départ de la Mauritanie en 2000, le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO la réduirait à 12 Etats au lieu de 16. Ce qui amenuisera sa puissance et donc son influence déjà mise à mal. Ce qui pourrait aussi ouvrir la voie à d’autres pays qui, ne se sentant plus à leur place dans cette organisation, pourraient décider de faire comme les Etats de l'AES.
La CEDEAO qui semble avoir pris la pleine mesure de ce qui pourrait arriver, a opté pour la négociation afin de parvenir à un règlement diplomatique du malentendu.
Lambert KOUAME