FPI : des réponses aux questions que vous vous posez





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Pourquoi les contestataires d’Affi sont-ils tous des adjoints au maire ou vice-présidents de Conseils régionaux ?

Il est vrai que les têtes d’affiche que l’on voit sur la table de séance lors de leurs conférences de presse sont effectivement des adjoints au maire ou vice-présidents de conseils régionaux. Mais, à la vérité, tous ne sont pas des « autorités ». Seydou Koulibaly, vice-président et Issiaka Sangaré, secrétaire général et porte-parole du FPI, ne sont ni adjoints au maire ni vice-président de région. C’est pareil pour d’autres militants, et non des moindres, avec lesquels ils font chemin ensemble. Il s’agit, par exemple, des vice-présidents Amara Touré, Landry Akpa et des secrétaires généraux adjoints Achille Gnaoré et Souhodo Ouattara.

Est-ce que ces contestataires auraient eu une telle posture s’ils n’occupaient pas des postes dans l’administration territoriale ?

C’est justement ce que Affi et ses hommes leur reprochent. Les partisans du statu quo ante estiment que leurs camarades ne veulent pas perdre leurs privilèges acquis dans le partenariat avec le RHDP. Alors que, selon eux, dès l’instant où l’heure des retrouvailles au sein de la gauche a sonné, tous les militants devraient prendre la même direction. Pour eux, à partir du moment où leurs camarades refusent de faire le sacrifice qui vaille, ils ne méritent plus d’appartenir à la grande famille de la gauche.

En retour, les contestataires d’Affi avancent qu’ils ne voient aucun problème à revenir sur leurs pas. Ils souhaitent, avant cela, faire d’abord un point de situation avec leur partenaire, en personnes responsables. Surtout que, informent-ils, le partenaire n’est pas opposé à la proposition. En outre, et c’est sans doute le point le plus important pour eux, ils se demandent quand va s’arrêter le papillonnage d’Affi qui va d’une alliance à une autre « sans vergogne ». « Il nous a envoyés dans l’alliance avec le PDCI. Ça n’a pas duré et on en est sorti. Et comme c’était une alliance électorale, nos amis qui étaient à des postes de responsabilité y sont restés. Après, il nous a trimballés dans un partenariat avec le RHDP. Nous en étions à ses premières heures quand il a décidé d’arrêter ce partenariat. Finalement, on ne sait plus ce qu’il veut et où il veut emmener le FPI. Aujourd’hui, il a pris seul (comme toujours) la décision de rompre ce partenariat et d’entrer pieds et poings liés dans une alliance avec Gbagbo. Regardez vous-mêmes ! Est-ce que ça fait sérieux ? ». Les contestataires pensent qu’en tant qu’hommes politiques, ils ont leur parole qu’ils se doivent de respecter. Or, selon eux, Affi leur demande de faire tout le contraire, c’est-à-dire, dire et se dédire. Voilà tout le problème.

Affi aurait-il procédé à la rupture unilatérale du partenariat s’il avait été élu président de la région du Moronou ?

Peut-être que oui peut-être que non. La décision d’aller en partenariat avec le RHDP est née certes, de la volonté de Ouattara à travers son collaborateur Bictogo, mais cette idée était déjà sur toutes les lèvres quand le FPI a constaté que le PDCI, poussé dans le dos par les « Gbagbo ou rien » ou GOR, a éconduit Affi et son parti. Ceux-ci ont dû quitter l’alliance qu’ils avaient tissée auparavant avec le parti de Bédié, la queue entre les jambes. A l’époque, ils disaient inlassablement à qui voulait les écouter que le PDCI et les partisans de Gbagbo ne leur laissaient aucune autre alternative que de répondre favorablement à l’appel de Ouattara. On peut le dire donc, c’est en désespoir de cause que le FPI s’est retrouvé en partenariat avec le RHDP. Ce qui veut dire que tôt ou tard, Affi aurait pu quitter cette alliance. Toutefois, l’aurait-il quittée s’il avait été réélu à la tête du Conseil régional du Moronou ? Véritable casse-tête chinois. Au FPI, ils sont nombreux qui soutiennent qu’il n’aurait pas sauté du bateau si les militants du RHDP l’avaient voté pour sa réélection. Parce que cette posture lui aurait permis de se rapprocher davantage du pouvoir et de bénéficier des ors de la République. Aujourd’hui, il est remonté contre le parti au pouvoir qui aurait travaillé secrètement à sa chute.

Le président du FPI change de veste parce que le RHDP l’aurait trahi lors des élections régionales.

Beaucoup de proches d’Affi rejettent catégoriquement cette affirmation et cela, dès le lendemain de sa défaite. Des sapiteurs démontrent par a+b que c’est Affi qui a creusé sa propre tombe. C’est que, pendant les tractations pour les régionales, Ouattara et le RHDP ont convaincu leur candidat, Mathias Nguessan Ahondjon, député d’Arrah, de se retirer pour former une liste commune avec le président du FPI. Ce qui a été fait. M. Ahondjon, en retour, demande à Affi de retirer la candidature d’un de ses bras-droits appelé Rougeau et qui était candidat à la mairie d’Arrah contre l’épouse de M. Ahondjon. Affi refuse catégoriquement. Il explique qu’il n’a pas de lien politique avec Rougeau qui se présente en indépendant. Devant son intransigeance, le RHDP envoie une mission vers lui avec pour but de le convaincre de faire retirer la candidature de son poulain. Niet ! répond l’ancien Premier ministre de Gbagbo. Il dit à la mission exactement ceci : « Demander à Rougeau de retirer sa candidature c’est me faire hara kiri ». Le RHDP ayant pris bonne note de son refus cinglant, fait du PDCI. Il demande souterrainement à ses militants de Bongouanou, de battre plutôt campagne pour la candidate du PDCI aux régionales. Lors du vote, les militants du parti de Ouattara ont suivi la consigne directoriale et ont fait tomber le « récalcitrant et téméraire président Affi ». Le jour où le FPI fait le point des élections générales de septembre 2023, Affi est en rage et enrage. Pour lui, il a été trahi par Ouattara et ses hommes qui ne sont plus dignes de confiance. Il faut donc les quitter. D’où cette autre décision sur un autre coup de tête !

Que va-t-il se passer, maintenant que les contestataires ont décidé de créer un courant ?

Pas grand’chose. Affi sera réélu au prochain congrès. La machine lui appartient et il la maîtrise encore. C’est peut-être à la longue que ses adversaires internes vont arriver à avoir sa peau. Si, bien sûr, ils se mettent au travail et se donnent les moyens matériels et humains de parcourir toutes les fédérations et les bases. Parce qu’ils peuvent tout reprocher à Affi mais ils reconnaissent qu’il est travailleur, intelligent même si cette disposition naturelle lui donne en permanence le sentiment d’être plus important que tous les autres et de vouloir en imposer à tous les coups.

Le premier problème auquel ses contradicteurs seront confrontés, c’est la méconnaissance du terrain et aussi « la paresse » de celui qu’ils ont choisi de mettre devant : Issiaka Sangaré. L’homme est connu pour ne pas être un bon politique. On ne lui connaît pas de base politique. C’est la raison pour laquelle lors des dernières élections législatives à Cocody où il était candidat pour le compte du FPI, il n’a obtenu que 600 voix là où ses concurrents s’en sortaient avec plus de 10.000 voix. Un des vice-présidents du FPI, Armand Koko Konan, a dit de lui dans un entretien avec la presse que « c’est un fainéant ».

C’est dire combien les Pierre Dagbo, Bêh Diabaté, Tra Bi, Anne Gnahouret ont du pain sur la planche.

Y a-t-il possibilité qu’ils reviennent à la maison ?

Si l’on pose la question à Affi, il dira que les portes du FPI sont grandement ouvertes. Et que l’on peut y entrer comme en sortir selon ses humeurs, ses convictions et sa vision du moment. Cette conception vulgarisée par Gbagbo au début de l’implantation de ce parti est une des incantations retenues par cœur par tous les militants. C’est un mantra. Mais pour que leur retour ait lieu, il faut bien que quelqu’un initie une discussion, une rencontre. En général, c’est le plus fort qui tend la main. Or, à l’heure actuelle, chaque camp se croit le plus fort et promet de réduire l’autre en cendres. Pour utiliser un mot à la mode, il s’agira de vitrifier le premier qui baissera la garde. Mais l’arène politique étant une cage dynamique où le temps va plus vite que dehors, il ne faut s’enfermer dans aucun schéma. La gauche est connue à l’échelle mondiale pour ses crises successives qui débouchent rarement sur des arrangements mais plutôt sur des cassures et des divisions. Souhaitons simplement, pour le bonheur des Ivoiriens et de leurs militants, qu’une main céleste vienne leur parler à chacun d’eux pour des retrouvailles définitives. Car, comme le dit la chanteuse ivoirienne Josée Priscille Gnakrou dite Josey, « Tout laisse ».

Abdoulaye Villard Sanogo

 

 

 

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