Depuis la sortie musclée d’Henri Konan Bédié contre les étrangers et tous ceux qui ne brillent pas dans le miroir de l’ivoirité, tous les répondeurs se sont trompés. Avec du recul, on réalise que tout le monde se trompe lourdement cherchant à raisonner Bédié ou à démontrer que ses propos sont indignes d’un ancien président de la République. Bédié n’a pas changé et ce n’est pas sûr qu’il change un jour puisque sa philosophie de vie résumée dans son bréviaire de référence, intitulé «Les Chemins de ma Vie», est, on ne peut plus clair.
Le ministre Adjoumani et le Rhdp n’auraient donc pas dû répondre. Les jeunes gens qui sont allés manifester devant sa résidence de Cocody n’auraient pas dû organiser cette sortie. Mamadou Koulibaly qui a répondu à Bédié sans avoir eu le courage de le citer nommément s’est également trompé. Tous les journaux qui ont commenté les propos du président du Pdci ont mis de l’eau dans son moulin. Le mieux aurait été de l’ignorer. Car il se frotte certainement les mains là où il est, heureux d’avoir atteint ses objectifs. Il est revenu au cœur de l’actualité nationale et la grande ruée des militants du Pdci vers le Rhdp a été étouffée par les propos haineux et tribalistes de Nzueba. Si personne ne réagissait, il aurait été très malheureux car l’indifférence des autres fait naître dans le soi un sentiment de vide et de frustration.
Bédié a aujourd’hui constaté que le chemin de Daoukro est devenu désertique. Depuis sa rupture avec Ouattara, plus personne ne va chez lui pour faire allégeance dans l’optique d’avoir un strapontin. Les va-et-vient des chercheurs de poste, des ministres, directeurs généraux et président d’institution dans cette direction ont cessé.
On ne se rend aujourd’hui à Daoukro que pour régler les palabres entre caciques du parti ou pour les problèmes de chefferie qui ne rapportent rien en réalité au sphinx de Daoukro. Bédié a donc décidé de ne pas disparaître de la scène politique. Pour exister dans la conscience populaire, il a dépoussiéré et remis au goût du jour sa doctrine de l’ivoirité qui donne des crises d’urticaire. Et le tour est joué. Son nom revient dans tous les discours. Sur les chaines internationales, on recommence à parler de lui. Nous étions à Tunis, au 30e congrès de la Fédération internationale des journalistes, réservés aux présidents des organisations faîtières des journalistes. Tous les confères voulaient avoir des nouvelles de Bédié et connaître ses nouvelles motivations. Hélas ! N’eut été la médiatisation de la sortie de route de Bédié nul n’aurait parlé de lui à Tunis, si loin.
C’est le lieu de réfléchir à la prochaine action de réplique contre Bédié pour ne pas lui offrir ce qu’il cherche. Dans l’hilarité, un humoriste disait qu’aucun propriétaire de maison ne devrait se réjouir du fait qu’on fasse palabre dans sa cour car en définitive et dans tous les schémas, c’est lui le perdant. La bagarre dans la cour provoque forcement des dégâts. Ouattara gère aujourd’hui le pays. Il est donc différent de Bédié qui ne gère rien, qui se tourne les pouces à Daoukro. Bédié cherche des troubles pour gêner Ouattara dans sa gouvernance. Facile à comprendre car c’est simple comme bonjour.
Traoré Moussa