Soroïstes, il y a du boulot





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Transformer la popularité de Guillaume Soro en une victoire électorale. C’est le gros défi que doivent relever les Soroïstes en moins de 15 mois.

Nul ne peut nier la célébrité de Guillaume Soro. D’ailleurs, en 2018, une étude menée par des spécialistes nationaux l’a désigné comme l’homme politique le plus populaire de Côte d’Ivoire sur les réseaux sociaux avec 1 119 450 followers sur Facebook. Il était suivi du professeur Mamadou Koulibaly (735 956 abonnés) puis du ministre Hamed Bakayoko (655 304 followers). L’audience de l’ancien président de l’Assemblée nationale s’est sans doute accrue après sa démission très médiatisée de la tête du Parlement.

Devenu depuis lors le principal opposant au régime Rhdp, ses activités politiques dominent régulièrement l’actualité. En outre, il est à ce jour le seul acteur politique à avoir obtenu plus 800 000 signatures dans une pétition lancée sur Internet en faveur de sa candidature à l’élection présidentielle de 2020.

Sur le terrain, l’effervescence constatée lors de sa visite dans le Hambol en avril et mai dernier, était un signe de l’attachement des populations à sa personne et à ses actions. Mieux, semaine après semaine, les partis politiques et autres mouvements qui le soutiennent étendent leur implantation à travers le pays. Au total, Guillaume Soro se positionne comme un probable candidat sérieux à la prochaine élection présidentielle. Cependant, sa popularité croissante lui garantit-elle une victoire dans les urnes au soir d’octobre prochain ? Rien n’est acquis d’avance, et l’ancien SG des ex-Forces nouvelles est le premier à s’en convaincre. Ne répète-il pas devant ses partisans qu’être applaudi par des foules ne signifie pas que vous êtes forcément le plus aimé ? Recevant une délégation du Rassemblement des jeunes de Côte d’Ivoire (RJCI) en mars dernier à sa résidence de Marcory, Guillaume Soro leur a expliqué avec insistance que la victoire à une élection présidentielle demande du travail, beaucoup de travail. Il a incité ses hôtes à ne pas se fier aux cris de quelques foules de supporters euphoriques, mais à mobiliser le plus grand nombre d’électeurs sincères et fiables. Quelques semaines après, les faits lui donneront raison, puisque le chef de cette délégation qui a chanté ses louanges au cours de cette visite, à savoir le député-maire de Gbon, Touré Alpha-Yaya, le lâchera pour rejoindre le camp adverse du Rhdp pour des profits matériels. Convaincre le plus grand nombre d’électeurs fidèles et incorruptibles est donc un défi majeur à relever pour s’assurer la victoire. Souvenons-nous, en 2010, c’est un tel vivier électoral solide qui avait fait la force du mentor du RDR. Son chalenger d’alors, le Président sortant Laurent Gbagbo, avait déployé toutes sortes de moyens pour obtenir, ne serait-ce qu’une partie des populations acquises à l’ancien DGA du FMI. Ainsi, d’éminents cadres du Nord ont été débauchés et dotés de grands moyens de séduction, des chefs coutumiers et même des guides religieux ont été mis à contribution. Sans oublier les actions d’intimidation. Mais rien de tout cela n’a réussi à détourner les électeurs de Ouattara. Solidaires des injustices subies par l’ancien Premier ministre d’Houphouet-Boigny, et séduits par ses promesses de pluie de milliards, ils l’ont soutenu jusqu’à son installation dans le fauteuil présidentiel, au prix de mille sacrifices. Il faut ajouter qu’à l’époque, le candidat du Rhdp avait également bénéficié de la soif de changement de plus de 54% de citoyens.

Dix ans après, malgré un bilan de Ouattara riche en réalisations d’infrastructures, la même soif de changement existe au sein d’une population ivoirienne frappée par une pauvreté quasi endémique. Toutefois, le nouveau contexte politique marqué par l’éclatement des anciens blocs politiques LMP et Rhdp, annonce un émiettement des voix au moins au premier tour de la prochaine présidentielle.

Les difficultés sociales des populations constituent à priori un thème profitable aux adversaires du régime sortant, mais elles pourront aussi favoriser les achats de consciences et de voix. Le Rhdp, visiblement prêt à conserver le pouvoir par tous les moyens, pourrait aller jusqu’à utiliser la force pour faire gagner son candidat.

La frayeur que cela peut susciter chez les électeurs est un autre défi pour ses adversaires.

Par ailleurs, ceux-ci devront maîtriser le fichier électoral et se préparer à préserver leurs suffrages dans chaque bureau de vote sur toute l’étendue du territoire national et dans la diaspora. Soroïstes, le coup est jouable. Mais encore une fois, il demande du travail et l’implication active de chacun.

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