La Commission électorale indépendante a été mise en place. Une frange de l’opposition, celle conduite par le Pdci et l’aile du Fpi dirigée par Gbagbo, a choisi de ne pas y envoyer de représentants, de pratiquer la politique de la chaise vide et de croire que cette attitude bloquerait le processus. Ils énoncent n’avoir aucune confiance quant à la sincérité des résultats qui seraient proclamés par cette Cei. Ils n’ont également pas confiance en leurs camarades opposants qui ont saisi la main tendue du gouvernement qui a fait droit aux recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. N’empêche, le gouvernement a décidé de composer avec les opposants qui ont répondu à son appel.
Depuis lors, ceux qui ont refusé de siéger ont entrepris de faire du bruit pour discréditer les heureux élus. Mais, comme nous l’enseignait le président Félix Houphouët-Boigny, les aboiements de chiens n’ont jamais arrêté la marche d’une caravane. Si Assoa Adou et son camp sont logiques dans leur attitude de boycott tous azimuts de tout ce qu’ont fait les gouvernements successifs d’Alassane Ouattara depuis 2011, le cas de Bédié et du Pdci-Daoukro ne se comprend pas.
Voici des gens qui ont participé à tous les processus électoraux sous l’ancienne Cei dont l’amendement a été demandé par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Le Pdci a eu des élus, députés, maires, sénateurs et conseillers régionaux sous la Cei version Youssouf Bakayoko. Le vieux parti trouvait la composition de l’institution juste et très équilibrée. Il n’a introduit aucune requête devant qui que ce soit. Il a fallu que l’Apdh mène une démarche devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples avant que le Pdci ne sorte du coma dans lequel la jouissance du pouvoir et de ses privilèges l’avait plongé. Mais, dès l’instant où l’Union africaine qui a créé sa Cour de justice valide la mouture de la Cei, le débat devait se clore. Mais que non ! Ces gens veulent ameuter l’opinion qui est bel et bien témoin de leur boycott.
Finalement, on est en droit de se demander sur quoi comptent ces gens pour adopter cette posture de rébellion contre l’autorité de l’Etat. Les membres de la Cei ont déjà prêté serment. Le président de la République va-t-il annuler le décret promulgué pour faire plaisir à son opposition de luxe? Va-t-on demander à toutes les parties prenantes au dialogue qui a précédé la mise sur pied de la Cei de revenir autour de la table de discussion pour satisfaire les caprices de ceux qui sont partis d’eux-mêmes ? La commission de l’Union africaine qui a validé cette mouture de la Cei va-t-elle demander qu’elle soit revue ?
Non et non ! Il faut cesser de rêver. La politique est un jeu. Vu sous cet angle, soit on perd soit on gagne. Quand on perd il est indécent de vouloir imposer ses humeurs au vainqueur. Le Pdci et les Fpi Gor ont joué et ils ont perdu. Revenir sur cette Cei serait une vraie quadrature du cercle. Le chef de l’Etat est très ferme à ce sujet. Bédié et ses nouveaux alliés vont devoir assumer les conséquences de leur boycott. On peut supposer qu’ils ont un plan B pour lequel ils n’ont pas voulu envoyer de représentants dans l’institution en charge de l’organisation des élections. La Côte d’Ivoire et le monde les regardent. Alassane Ouattara et son gouvernement les regardent.
Traoré Moussa