Soro Guillaume ''Ouattara veut imposer une autre crise électorale à la Côte d'Ivoire ''





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PETIT-DEJEUNER DE PRESSE DU JEUDI 17 SEPTEMBRE 2020 A L’HOTEL BRISTOL DE PARIS

PROPOS LIMINAIRE DE M. GUILLAUME KIGBAFORI SORO, PRESIDENT DE GENERATIONS ET PEUPLES SOLIDAIRES (GPS)

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Mesdames et Messieurs les Journalistes, Chers Invités,

Vous vous souviendrez, dans cette même salle, le 28 janvier dernier, je me tenais devant vous pour vous déclarer ma candidature à la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire.

Je vous le réaffirme, aujourd’hui encore, ma candidature est ferme, irréductible et irrévocable. Je ne reconnais à nul autre que le peuple souverain de Côte d’Ivoire, le droit de statuer sur mon avenir et mon devenir.
Je suis candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020, en application de la Loi, de la morale républicaine et conformément à mes convictions selon lesquelles, la dictature ne s’épanouit jamais aussi bien que lorsque tétanisés par nos peurs, nos angoisses, nous la laissons prendre possession de nos vies et qu’elle ne recule que si, courageusement, nous nous dressons contre elle.

Je veux gouverner autrement ce pays, en bâtissant par la solidarité intergénérationnelle, la Nation ivoirienne émancipée de ses souffrances passées par le pardon et la réconciliation.

Je veux gouverner en consolidant la démocratie et l’État de droit par la séparation et l’équilibre des pouvoirs de l’État dans un pluralisme renforcé.

Je veux et je vais gouverner mon pays en réalisant un développement écologique et endocentré pour le bien-être de tous, mais aussi en propulsant la Côte d’Ivoire aux premières loges de la recherche scientifique, de l’éducation, de la santé et de la proactivité entrepreneuriale.

C’est une Côte d’Ivoire Réunie et Solidaire, portée par le génie de ses peuples et générations que j’entrevois comme legs idéal pour les héritiers de demain.
                                  
Mesdames et Messieurs,
Mais, faut-il le rappeler, je vous alertais déjà ici sur les risques de déflagration encourues si la communauté internationale ne se mobilisait pas pour obtenir des élections démocratiques et transparentes dans mon pays.

Je vous ai aussi mis en garde contre la volonté de M. Ouattara de procéder à une entourloupe pour capturer le pouvoir d’État en Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui, je suis à nouveau devant vous avec une extrême gravité.

Mais avant d’aller plus loin, je voudrais dire toute ma reconnaissance à Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République française, pour avoir tenu un langage de vérité au Président Alassane Ouattara au nom de l’attachement de la France à la Démocratie et aux droits de l’Homme.

Je dis toutes mes admirations à M. Muhammadu Buhari, Président de la République fédérale du Nigeria, M. Mahamadou Issoufou, Président de la République du Niger, ancien Président de la CEDEAO, aux Présidents Macky Sall du Sénégal, Umaro Sissoco Embaló, la Guinée- Bissau, pour leur posture sans équivoque contre les troisièmes mandats.

Je voudrais également saluer le Secrétaire d’État, M. Mike Pompeo pour le soutien des États-Unis au respect de l’État de droit.

Je le disais tantôt, la Côte d’Ivoire est au bord du gouffre. L’entêtement de M. Ouattara à faire un troisième mandat en violation de la Constitution se fait dans une barbarie indigne d’une République

moderne et civilisée. Le bilan est déjà suffisamment lourd et alarmant pour ne pas nous interpeller :

- Plus d’une trentaine de morts depuis sa déclaration de candidature ;

- Plus de 200 arrestations sur le territoire national dont 60 de mes compagnons de GPS parmi lesquels des députés arrêtés sans la levée leurs immunités et deux de mes jeunes frères de lait pris en otage ;

- De nombreuses femmes aux mains nues battues et incarcérées ;

- La limitation des droits constitutionnels que sont la liberté de manifester et la liberté d’expression par la prise d’une série de décrets interdisant à l’opposition d’exprimer son désaccord face au projet de troisième mandat.

L’incarcération injuste des députés et de tous les autres prisonniers politiques, fait l’objet d’une réprobation unanime des organisations internationales et des organismes de défense des droits de l’homme. Je veux citer entre autres, l’Union Interparlementaire (UIP), l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF), Amnesty International, le
 Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations-Unies.

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Depuis le 23 décembre 2019, je suis contraint de vivre loin de mon pays, victime de montages grossiers habillés par des artifices juridiques.

On m’a fait un procès expéditif, fallacieux et fictif, pour des faits inexacts, alliant calomnie et diffamation et au prétexte d’une infraction de recel d’un bien qui aurait été prétendument commise en 2007.

Non seulement ces faits sont imaginaires mais cette infraction, si jamais elle avait existé, aurait été légalement prescrite : l’article 7 du code de procédure pénale ivoirien prévoit en effet que « en matière de délit, la prescription de l’action publique est de trois années révolues ».

À considérer, par extraordinaire, que ce délit soit qualifié de corruption, là encore, le délai de prescription éteint l’action publique,

puisqu’il est de 10 ans. De sorte qu’en 2019, soit 13 ans après, les faits étaient prescrits.
Or en réalité, tout ça n’existe pas : il n’y a aucune charge, aucun début de commencement de preuve.

Pour reprendre une formule de l’un de mes avocats, ce dossier, c’est un peu comme le Couteau de Lichtenberg : « un couteau sans lame, dont on a oublié le manche ». C’est du vide, c’est du vent.

Le procès qui s’est tenu au Tribunal d’Abidjan le 28 avril dernier est une honte pour tout État de droit qui se respecte.

On m’a jugé sans avocat, sans m’avoir convoqué, sans aucun accès au dossier, et en un mot, sans justice. Une vraie parodie.
Vous connaissez la phrase de George Clémenceau: «La Justice militaire est à la Justice, ce que la Musique militaire est à la Musique. ».

Je crois que nous avons trouvé pire encore que la justice militaire, c’est la justice ivoirienne, qui n’a de Justice que le nom.

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C’est d’ailleurs contre cette Injustice, et contre l’arbitraire, que la Cour Africaine des Droits de l’Homme a rendu deux ordonnances.

Un mot d’abord, sur la procédure choisie : la Cour Africaine a été saisie en matière d’urgence. Deux ordonnances de mesures d’urgences ont été rendues, ce qui n’est possible qu’en présence de violations graves, évidentes et manifestes des droits fondamentaux.

Or, dans notre cas, comme l’ont retenu les juges d’Arusha, les droits ont été, à de nombreuses reprises, bafoués.

C’est pour cette raison que dans le contenu de l’ordonnance la Cour a reconnu l’existence de violations graves « des droits de la défense, du droit au procès équitable, du droit à la sureté, de la prohibition de la détention arbitraire, de la liberté d’expression, d’opinion, du droit de tout citoyen de participer à la vie publique et politique de son Pays ».

C’est pour cette raison que, dès le 22 avril 2020, la Cour a ordonné le statu quo ante de toutes les poursuites à mon encontre, la suspension du Mandat d’arrêt émis, la fin de la procédure pénale engagée et la remise en liberté immédiate de mes 19 proches injustement incarcérés.

C’est enfin pour cette raison que, le 15 septembre 2020, cette même Cour a ordonné, en des termes clairs et dépourvu d’ambiguïté, que la Côte d’Ivoire devait : « prendre toutes mesures nécessaires en vue de lever immédiatement les obstacles empêchant M. SORO de jouir de ses droits d’élire et d’être élu notamment lors de l’élection présidentielles ».

***

Alors bien sûr, du côté du camp Ouattara, on nous répond que la Côte d’Ivoire a quitté le protocole d’adhésion à la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples – le lendemain de son ordonnance du 22 avril, soulignons-le.

Mais vous le savez, car vous êtes sensibles au droit, que le délai de prévenance du retrait d’un protocole est d’une année. Et vous le savez aussi, le retrait ne concerne jamais, en droit international, les affaires pendantes devant une juridiction internationale.
C’est le cas de la Cour Africaine, dont la jurisprudence est constante et très claire à ce sujet, elle l’a d’ailleurs dit concernant la Côte d’Ivoire dans sa décision du 15 juillet 2020 sur la CEI et réitérée dans celle du 15 septembre me concernant au paragraphe 19, que le retrait de la Déclaration par l’État de Côte d’Ivoire, « n’a pas d’effet rétroactif, n’a aucune incidence sur les affaires en instance devant elle et ne prend effet le 30 avril 2021 ».
Ces décisions s’imposent, car la Côte d’Ivoire l’a souhaité, en ratifiant la Charte Africaine des Droits de l’Homme et ses différents protocoles.

La Côte d’Ivoire l’a tellement souhaité, qu’elle l’a inscrit en préambule de la Constitution du 08 novembre 2016, qui s’ouvre par une référence claire à la Charte Africaine. Elle reconnaît donc la primauté des décisions de cette juridiction supranationale sur les juridictions nationales.

Dans cette perspective, ma réintégration dans la liste électorale est obligatoire. Et ce n’est pas juste une simple proclamation de ma part, c’est le droit positif ivoirien qui le commande.
En effet, il existe la jurisprudence Yao Paul N’DRE qui, souvenez-vous, en 2010 après avoir déclaré M. Laurent Gbagbo vainqueur, a rendu en second lieu une décision du Conseil Constitutionnel en 2011 dont je vous remets copie, en se fondant sur un communiqué du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, pour déclarer M. Alassane Ouattara vainqueur de l’élection présidentielle.
En d’autres termes, le Conseil Constitutionnel actuel doit, en s’inclinant devant la décision de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, se fonder sur une décision de justice plus forte et plus contraignante pour reconnaître ma citoyenneté non seulement en m’inscrivant sur la liste électorale mais aussi en me rendant éligible à la prochaine élection présidentielle.

En déclarant M. Alassane Ouattara éligible alors que l’article 55 de la Constitution est très clair : « Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois. », les Sages du Conseil Constitutionnel ont manqué d’imagination, ou sont de très mauvais juristes.

Ils ont servilement obéi au Pouvoir exécutif, sans même habiller, par pudeur, leur forfaiture des habits du droit.

Ils ont porté le déshonneur sur leur institution, censée être la Gardienne du droit et de la Constitution.

Ils ont donné leur aval au Coup d’État Constitutionnel que prépare M. Alassane Ouattara.

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Le Président Ouattara m’a exclu de la liste électorale, de la liste des candidats, et de mon Pays.

Il sait pourtant quelle est la souffrance que subi celui qui est injustement exilé de sa terre natale, empêché d’user de son droit le plus élémentaire, celui de participer aux affaires publiques de son pays et injustement écarté d’une élection.

Il l’a lui-même vécu.

Rappelez-vous lorsque sa candidature était écartée pour « nationalité
douteuse ». Rappelez-vous son exil en France.

Vous connaissez sûrement la phrase de Karl Marx : « l’histoire se répète toujours deux fois, d’abord comme une tragédie, ensuite comme une farce ».

Il y’a comme une impression de déjà vécu dans l’Histoire que je subis aujourd’hui.
Mais mieux que Marx, c’est un vers de Victor Hugo qui résume parfaitement l’état d’esprit de M. Alassane Ouattara : « opprimé hier, oppresseur demain ».

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Alors que faire, face au Despote qui a abattu tous les garde-fous institutionnels de mon pays ?

Maintenir cette élection du 31 octobre 2020 n’a aucun sens. C’est une évidence.
De même participer à cette élection serait cautionner le coup d’État civil de M. Ouattara.
J’en appelle donc à une unité d’action de l’opposition pour stopper M. Ouattara dans sa folle aventure, par tous les moyens légaux et légitimes.

Je demande aux candidats retenus ou non, spécifiquement au Président BEDIE, au Président GBAGBO, au premier Ministre AFFI, au ministre MABRI, au ministre AMON Tanoh de prendre ensemble nos responsabilités et de faire bloc. Il s’agira, tous ensemble, de saisir la

CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union Européenne, l’ONU en vue d’obtenir des élections démocratiques, transparentes et inclusives comme en 2010 sans préjudice.
Ensemble nous devons organiser la mobilisation de tout le Peuple ivoirien depuis la campagne, les hameaux, les villages et les villes pour faire barrage au troisième mandat inconstitutionnel et interdit de M. Ouattara.
Pour ma part, je demande :

- La libération immédiate de mes proches ;

- La dissolution de la CEI actuelle et la mise en place d’une nouvelle, conformément à la décision de la Cour Africaine du 15 juillet 2020 ;

- La mise en place d’un Conseil Constitutionnel non inféodé au pouvoir ;

- Un audit international de la liste électoral ;

- Enfin la présence d’observateurs internationaux pour contrôler la
régularité du vote.

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Ne nous voilons pas la face : c’est une mascarade qui se prépare, pour légitimer le troisième sacre du Président Ouattara et sacrifier le Peuple ivoirien sur l’Autel des ambitions d’un homme.

Nous ne saurons être les pantins de cette comédie burlesque.

Le Président Ouattara pourra alors concourir seul, à une élection courue d’avance, et atteindra alors son ultime dessein : anéantir la démocratie au profit de son pouvoir personnel.

Mais, je peux vous l’assurer, le Peuple ivoirien ne l’acceptera pas et la victoire sera la nôtre.

Nous reviendrons de cette épreuve, rassemblés. 

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Mesdames et Messieurs les Journalistes, Chers Invités,

L’heure est grave pour mon pays. Ouattara veut imposer une autre crise électorale à la Côte d’Ivoire, après celle de 2010. Il est déterminé. Nous aussi.

Mais tôt ou tard, notre victoire viendra et, je vous en fais la promesse, cette victoire sera celle des Ivoiriens, de la démocratie et de l’État de droit.

Il sera comptable de ses manigances, et sera perçu, comme celui qui a assassiné la démocratie.

Et si aujourd’hui, il dit ne pas craindre le Peuple de Côte d’Ivoire, je vous promets que demain, il devra se soumettre à sa volonté.

Je vous remercie.

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