Bien sûr, le sort des civils tués pendant la crise ivoirienne est éminemment préoccupant.
Bien sûr, la communauté internationale - celle-là même qui, a pris la résolution historique d'empêcher, par la force, le bain de sang promis en Côte d’Ivoire - ne peut rester sourde aux exactions contre des civils dont seraient coupables telles unités de combattants.
L’histoire juge aussi le vainqueur d'une guerre à la façon dont il traite son adversaire vaincu ; quelles que soient les circonstances, la dureté des combats, voire l'évidence des crimes de guerre ou contre l'humanité dont l'autre se serait rendu coupable, les conventions de Genève sont sans appel et exigent son absolue sauvegarde. La droiture dont Gbagbo a fait preuve tout au long des années écoulées entre les premières rébellions et la fin de la crise armée, le souci qui fut pour lui de mener une guerre quasi irréprochable, d'empêcher les règlements de comptes et les exécutions sommaires, sa volonté de réserver aux auteurs de la rébellion, comme la Côte d’Ivoire entière en a été témoin avec la loi d’amnistie, un traitement conforme aux conventions internationales est à mettre à son actif.
Nous continuons, pour notre part, et jusqu'à nouvel ordre, de saluer la dignité des militaires ivoiriens qui, comme au premier jour, ont fait la guerre sans l'aimer.
Les juges de la Cour Pénale International (Cpi) considèrent que le procureur n’a pas été capable d’apporter, suffisamment, de preuves pour démontrer que Laurent Gbagbo et Blé Goudé étaient à l’initiative d’un plan commun visant à se maintenir au pouvoir et de ce fait à user de violence pour y parvenir. Ils soutiennent par ailleurs que le procureur n’a pas démontré que les deux prévenus ont prononcé des discours de haine contre les populations civiles.
Et c’est malsain, les commentateurs qui, en mal de sensationnalisme et n'aimant rien tant, comme d'habitude, que le petit jeu consistant à voir s'échanger les rôles entre victimes et bourreaux, résistants d'hier devenus oppresseurs de demain.
Cette comparaison est une infamie qui oublie juste un détail. Les chiens de guerre à la solde de la rebellions, quand ils entraient dans les villes, avaient un plan d'éventrement et de destruction préétabli.
Que ces séides tentent, en une dernière et lugubre pirouette, de se faire passer pour des victimes, c'est normal. Ils sont conscients d'avoir à répondre, lorsqu'ils seront pris, de crimes abominables, c'est dans l'ordre des choses.
Mais, de grâce, ne tombons pas dans le piège des fausses symétries et des procès d'intention. Que le président Laurent Gbagbo et Blé Goudé soient effectivement libre ce n’est que justice.
Par Michel Béta