Abdoulaye Kouyaté, député sortant de Lakota commune et sous-préfecture, a décidé de ne pas rentrer dans le débat empreint de tribalisme soulevé par certains de ses adversaires.
Vous êtes le candidat aux législatives du 6 mars 2021 dans la circonscription électorale de Lakota, commune et sous-préfecture. Comment vous avez accueilli votre désignation en tant que candidat du RHDP ?
Je voudrais vous remercier d’abord pour avoir jugé d’un intérêt pour votre organe de nous donner cette opportunité à la veille de ces élections législatives qui sont très importantes dans la vie de notre pays. Nous avons terminé avec l’élection présidentielle qui est politique au même titre que l’élection législative, puisqu’elle est aussi importante dans la gestion du pouvoir d’Etat. Il n’y a pas trop de grande surprise à notre niveau. Ce qui aurait pu créer un problème dans la désignation de notre personne, c’était le différend qu’il y a eu entre mon jeune frère Samy Merhy et moi. Mais, nous nous sommes accordés pour dire qu’à Lakota il y a beaucoup de postes de responsabilité politique, donc moi j’ai opté pour Lakota, Commune et Sous-préfecture et lui, il a opté pour la circonscription de Goudoukou-Gnambézaria. Donc il n’y a désormais plus de problèmes. Au niveau du RHDP, nous sommes les deux candidats pour deux circonscriptions distinctes. Le partage de poste étant déjà fait, il n’y avait plus d’autres problèmes. Mais néanmoins une chose est de vouloir postuler et une autre est d’être accepté par la direction de son parti. J’accueille ce choix de ma personne avec beaucoup de responsabilités. Cela prouve quelque part qu’on nous fait confiance par rapport à la gestion que nous avons eue, aussi bien, dans notre fonction, que la gestion du parti pendant les cinq dernières années. Je voudrais d’abord remercier le président de la République qui nous a renouvelé sa confiance, et aussi la direction exécutive du RHDP.
Justement le défi qui vous attend maintenant c’est de mériter cette confiance-là. En tant que député sortant, comment vous appréhendez cette échéance électorale ?
Je l’appréhende avec beaucoup d’optimisme et avec beaucoup de lucidité. Parce que quoi qu’il en soit, malgré ses appréhensions positives, une élection n’est jamais gagnée d’avance. Donc nous préparons cela avec beaucoup de sérieux, beaucoup de tactiques, de stratégies, pour nous donner les meilleures chances possibles. Mais nous le disons aussi, nous avons beaucoup de chances, parce que les populations ont pu faire une comparaison entre notre gestion, aussi bien au plan politique qu’au plan parlementaire, de 2016 où nous avons été élu, à aujourd’hui. Nous préparons cela minutieusement, et nous nous donnons les meilleures chances possibles, parce que nous ne pensons pas à nous, nous pensons au parti, et il faut que le parti ait la majorité au plan national.
Parlant de votre position sur le terrain politique, vous êtes informé du retour dans le jeu politique de l’alliance PDCI-EDS qui aligne face à vous le ministre Lida Kouassi. Comment appréciez-vous ce duel ?
Je ne parlerai pas de duel, ce n’est pas un duel. C’est plutôt une proposition de projets, de vision de la gestion du pays avec le RHDP qui a le pouvoir d’Etat aujourd’hui, mais également au plan local c’est une question de propositions. Mon jeune ami et frère Lida a sa vision de notre département au niveau parlementaire, j’ai la mienne. Donc ce sont deux frères avec des visions différentes qui viennent postuler. Je n’appréhende pas ça comme un duel. Non et non ! Peut-être une confrontation fraternelle. Quoi qu’il en soit, il va y avoir un vainqueur, et celui-ci sera le choix de Lakota.
Depuis quelques semaines, il y a des propos tribalistes de la part de vos adversaires à la Lakota, est ce que cela ne vous inquiète pas ?
Les gens veulent nous glisser sur un terrain qui n’est pas notre culture politique. On sait comment ces propos identitaires ont fait du mal à notre pays. Et, nous ne nous inscrivons pas dans cela. A bien y voir clair, cette mentalité est l’expression du sous-développement au plan mental, intellectuel, psychologique et même moral. Parce que quand on a occupé une haute fonction d’Etat, il est regrettable de réduire la politique au seul côté purement tribal. Au contraire, on doit avoir une vision républicaine de la gestion des choses. Un député qui est élu, même dans une circonscription, devient le député de la Nation. Autant je suis député aujourd’hui, je peux aller expliquer les projets et les lois à ma population de Lakota, autant je peux expliquer ces mêmes lois à toute la Nation. Donc il faut avoir un esprit républicain. Moi, ce n’est pas ma culture, et d’ailleurs je ne réponds pas à ces propos tribalistes. Je ne veux pas m’y inscrire, parce que ce n’est pas ma culture politique. Mon souci c’est comment faire bénéficier ma population de part ma position politique et administrative, qu’est-ce que je peux faire pour aider les populations de Lakota, en termes d’infrastructures de tous ordres ? C’est vrai que je suis dans le domaine de l’éducation nationale, mais qu’est-ce que je peux faire pour contenter ma population de divers ordres. C’est vrai qu’il est dit que le député n’est pas un agent de développement, mais cela est une conception occidentale. Un député ici peut faire des propositions de lois pour impacter le développement, aussi bien dans sa circonscription électorale, qu’au plan national. Et d’ailleurs quand les lois viennent à l’Assemblée nationale, par rapport au développement, les députés se prononcent là-dessus dans le sens du bien-être des populations. Donc, moi je ne m’inscris pas dans ces propos tribalistes. A Lakota, nous formons une famille. Si vous venez avec moi à Lakota pendant le lancement, vous allez voir plusieurs choses qui montrent qu’il y a un brassage depuis les temps séculaires entre toutes les populations locales. Donc, il ne saurait pas y voir des classifications des personnes, non ! Nous formons une famille dans notre cité. Dans les lois ivoiriennes, une fois que vous êtes Ivoiriens, vous êtes libre d’aller où vous voulez. Ça ne m’inquiète donc pas parce que les populations n’adhèrent pas à ce jeu politique. Nous ne partageons pas ce langage tribaliste, ça ne colle pas avec la composition de la population de Lakota. Il n’y a pas une seule famille à Lakota où nous n’avons pas de neveu Dida, ou nous n’avons pas de neveu allochtone, ça n’existe pas.
Tout à l’heure vous évoquiez une confrontation fraternelle avec l’ancien ministre de la Défense, Lida Kouassi Moïse. Quels sont vos atouts face à lui ?
J’ai un grand atout. D’abord le bilan du président de la République de 2011 à 2021. Comment Lakota a bénéficié de ce bilan-là. Dans le domaine de l’éducation nationale, il y a au moins 40 écoles qui ont été construites dans le département de Lakota, sinon plus que ça. J’ai la chance d’avoir la confiance de la ministre de l’éducation nationale qui m’a demandé de piloter la construction des écoles à travers le pays. Que ce soit les collèges ou même les écoles primaires. Que ce soit dans la sous-préfecture de Lakota, celle de Goudoukou, Zikisso et même de Gnambézaria, partout il y a des écoles, et même il y a des projets en cours. Il y a un projet en cours ou j’ai programmé la construction d’une école primaire à Zokolilié. Aujourd’hui il y a la programmation de construction de 12 collèges de proximité dans tout le département. Il y a la rénovation de l’hôpital général qui a couté plus de 300 millions de FCFA. Il y a la table d’anesthésie que j’ai contribuée à faire venir à Lakota, parce que pendant l’accouchement des femmes, le temps de les faire partir à Divo ou à Gagnoa même à Abidjan, beaucoup d’elles mourraient en cours de route. Donc nous avons été sollicités par l’hôpital général et nous avons contribué à faire venir une table d’anesthésie. Aujourd’hui il n’y plus ce problème à Lakota. Nous devons donner dans les jours à venir deux ambulances, cela fera un total de quatre ambulances que nous envoyons à Lakota. Moussadougou a été électrifié dans le canton Tigrou. Au niveau de l’insertion des jeunes, il y a plus de 6000 jeunes qui sont insérés professionnellement. Les populations auront à faire une comparaison entre la gestion de 2000 à 2010 et celle de 2011 à 2021.
« Les populations auront à faire une comparaison entre la gestion de 2000 à 2010 et celle de 2011 à 2021 »
Nos atouts sont donc réels et notre bilan parle pour nous. Je ne vous parle pas de bitumage de la voie centrale. Il y a la programmation de 5 à 7 km de bitume à travers la commune de Lakota. En plus de cela, nous avons en projet de voir les autorités pour le bitumage de l’axe Lakota-Sassandra. Les autorités compétentes de ce pays sont informées de cela. Nous avons en projet également de faire en sorte que Lakota devienne une région. Parce que les gros villages méritent d’avoir une Sous-préfecture. Groguya mérite d’être une sous-préfecture, Diékolilié mérite d’avoir une Sous-préfecture. Nous avons fait toutes ses propositions à l’Etat.
En matière d’eau potable, il y a beaucoup de village qui n’avaient pas d’eau courante qui aujourd’hui en bénéficient. La ville de Lakota vient de bénéficier d’eau potable. Vous allez dans la Sous-préfecture de Zikisso, la majeure partie des villages sont aujourd’hui électrifiés grâce au pouvoir Rhdp. Nous avons un projet d’électrification des villages des différents cantons. Nous travaillons avec le président de la mutuelle du canton Diéko pour l’électrification prochaine des 18 villages de ce canton. Non seulement des réalisations ont été faites mais d’autres sont en cours.
Tout a l’heure vous évoquiez des propos tribalistes. Certes vous ne vous inscriviez pas dans ces propos, mais à votre niveau qu’est-ce que vous faites pour ne pas qu’on retombe dans les violences électorales qu’on a connues lors des échéances municipales passées ?
La première des choses c’est ma réconciliation avec mon jeune frère Samy Merhy. Nous sommes les deux cadres du RHDP dans le département et le véritable problème entre nous est réglé. Nous faisons tout pour rencontrer les autorités compétentes de notre département pour calmer le jeu. Je le dis, dans une élection, celui qui a gagné a gagné et le perdant a perdu. Moi j’ai perdu deux élections et je ne suis pas mort. Il ne faut pas qu’on considère que quand on perd une élection c’est la fin du monde.
Certains cadres de l’opposition de Lakota comme Bably Dominique qui est de Goudouko ont délaissé leur région pour se joindre à votre adversaire de la commune et Sous-préfecture. C’est à croire qu’à Lakota, il existe un plan politique "Tout Sauf Kouyaté" ?
Ce que vous venez de dire est juste. Bably Dominique qui est du PDCI et qui est de Kotcherie, normalement il devrait être soit candidat ou soutenir son candidat de Goudouko, mais pourquoi vient-il dans la commune et la sous-préfecture ? Même mon adversaire Lida Kouassi qui est de Gobery dans le canton Tigrou, devait compétir dans la circonscription de Goudouko, mais pourquoi il vient ici ? Je ne pense pas que ce soit un plan du "tout sauf Kouyaté". S’il y a un plan, c’est un plan "tout sauf le RHDP" qui est en cours. Mais, comme j’apparais comme une figure emblématique du RHDP, un pur produit du RDR et du RHDP, je suis l’homme à abattre sinon c’est contre le RHDP et non contre ma personne. Personnellement, avec Bably, nous nous entendons bien. Il n’y a aucun problème. Mais au plan politique nous avons des divergences de point de vue. Si vous dites donc "Tout sauf le RHDP" je dis oui, parce que c’est le PDCI et le FPI qui se sont ligués contre le RHDP.
C’est vrai que vous êtes cadre du RHDP, mais honnêtement croyez-vous que le parti présidentiel va s’en sortir avec une majorité confortable à l’issue de ces législatives ?
Je dirais même une majorité écrasante. Parce que le RHDP part avec plus de 50 sièges déjà acquis. Parce qu’il y a 50 circonscriptions ou l’opposition n’a pas présenté de candidats. Donc en plus de ses 50 sièges que nous avons d’avance supposons que nous remportons la moitié des autres circonscriptions. On s’en sort avec la majorité.
Pensez-vous que le RHDP présente réellement les meilleurs arguments électoraux ? Et, selon vous, comment devrait-on traiter les indépendants indisciplinés ?
Le RHDP a les meilleurs atouts. Le président l’a dit lors de l’investiture, notre bilan parle pour nous. Ce qui a été réalisé depuis 2011 est une prouesse. En termes d’infrastructures routières, d’adduction d’eau, d’électrification, de construction d’écoles, il y a plus de 40 000 salles de classes qui ont été construites en 10 ans, plus de 400 collèges, 28 000 personnels enseignants et d’encadrement ont été recrutés, je ne vous parle pas des kits scolaires et des tables bancs. J’ai pour coutume de dire que quand Ouattara venait en tant que Premier ministre, la Côte d’Ivoire n’avait qu’une université (université Félix Houphouët-Boigny) mais quand il partait en 1993 on en avait 3. Et quand il est parti en 1993 jusqu’à ce que qu’il revienne au pouvoir en 2011, ce sont ces trois universités qui existaient. Aujourd’hui, on a l’université de Man, celle de Daloa et de Korhogo plus les trois qui existaient, cela fait 6 plus l’université virtuelle. En termes d’infrastructures il y a plus de 24 ponts qui ont été réalisés, de nombreux kilomètres de bitume ont été faits. Nous sommes en train d’achever le 4ème pont, et pendant ce temps le 5ème pont pointe à l’horizon. Le Smig a doublé, tous les fonctionnaires bénéficient aujourd’hui de plusieurs avantages. Et c’est d’ailleurs pour cela que les populations ont accordé une victoire écrasante à la présidentielle au président Ouattara. Depuis Houphouët, quel est le président qui a pu faire ces réalisations ? Bédié a eu le pouvoir de 93 à 2000, Laurent Gbagbo de 2000 à 2010 est-ce qu’ils ont pu faire le millième de ce que Ouattara a fait ? Ce bilan est là et il parle pour nous. Ce qui a été fait, nous donne l’espoir de ce que sera fait. Il y a beaucoup de projets en cours de réalisation en Côte d’Ivoire et dans tous les domaines. La gestion d’un Etat c’est une question de programmation et de vision. Je peux vous le dire, Ouattara est l’un des rares présidents à proposer aux populations du concret. Un projet de société qui trace les grandes lignes de ce que le pays sera et dans un second temps un programme de gouvernement qui fixe des objectifs à chaque département. Désormais les députés vont impacter le développement aussi bien au plan local qu’au plan national.
Quel traitement devrait-on réserver aux indépendants du Rhdp ?
Le Président a fait appel à tous les indépendants, il y en a qui sont rentrés dans les rangs, d’autres non. Personnellement je pense que le cas des indépendants ne devrait pas poser problème. Cela fait partie des disciplines du parti. Je pars du fait que tout a un subjectif. Ça n’existe pas seulement au RHDP, même au PDCI il y a des indépendants. Je crois qu’à termes, on doit voir comment résoudre ce problème. Il y a des gens qui ne sont dans aucun parti et qui sont indépendants, ce n’est pas un problème. Même à la présidentielle il y a eu des indépendants. Mais vous êtes dans un parti, vous militez et surtout vous êtes chargé de la gestion d’une structure du parti, quand vous n’êtes pas choisi, vous vous portez indépendant, je ne trouve pas que cela soit digne. Je voudrais suivre le président pour dire qu’il est bon que tous ceux qui sont partis en indépendant reviennent à la maison pour aider les autres, parce que nous avons besoin d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale pour poursuivre l’œuvre de développement qui a été entamée depuis 2011.
L’Expression