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Les assurances données par Alassane Ouattara quant au retour de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé en Côte d’Ivoire ne semblent exister que sur le bout des lèvres. 

Le préfet d'Abidjan, Adama Doumbia, a pris un arrêté pour interdire un meeting qui devait se tenir samedi dernier au stade de Gonzagueville, dans la commune de Port-Bouët, dans le cadre des mobilisations pour le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire.  

L’administrateur civil a justifié sa décision par le fait que le Collectif des victimes en Côte d’Ivoire (Cvci) devait tenir un meeting au même endroit à la même date, évoquant des « risques d'affrontements et de trouble à l'ordre public ».   

Cette intervention de l’autorité administrative cache mal une manœuvre du pouvoir pour empêcher la tenue de cette rencontre des partisans de Laurent Gbagbo à Port-Bouët, et peut-être d’autres rendez-vous similaires, à venir. Tout montre, en effet, que l’activité du Collectif de victimes programmée au même endroit a été suscitée pour servir de prétexte à l’annulation de l’autre rencontre pour laquelle les organisateurs, affirment, preuves à l’appui, avoir obtenu longtemps à l’avance une autorisation de la municipalité de Port-Bouët. D’ailleurs, ajoutent-ils, la décision d’interdiction ne leur a été signifiée que tard dans la soirée de vendredi. Toute chose qui démontre le caractère impromptu de la seconde manifestation.

Celle-ci ne semble obéir qu’à la menace proférée le 10 mai dernier par Issiaka Diaby. Au cours d’un sit-in devant le palais de justice au Plateau, le président de la CVCI avait promis d’organiser des manifestations de protestation contre le retour de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Son discours du 10 mai, et maintenant ses actions, vont pourtant à l’encontre des assurances données en conseil des ministres le 7 avril par Alassane Ouattara. Suite, à l’acquittement définitif de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé proclamé le 31 mars par la Chambre d’Appel de la CPI, le Président ivoirien, dans sa première sortie publique concernant cette information, a déclaré qu’ils étaient « libres » de rentrer en Côte d’Ivoire et que l’Etat était même prêt à prendre en charge les frais du voyage de Laurent Gbagbo et ses proches. 

Manifestement, cette volonté n’existe que sur des lèvres. Ce à quoi l’on assiste sur le terrain laisse penser qu’en réalité, le pouvoir Rhdp et certains de ses partisans ne sont pas pour ce retour et veulent tout mettre en œuvre pour qu’il ne se réalise pas maintenant. Peuvent-ils y parvenir ? Nous pensons que non. Car, le régime de Ouattara, qui a déployé toutes sortes de moyens juridico-politiques pour que Gbagbo et Blé Goudé soient condamnés par la CPI sans succès, résistera difficilement aux pressions internationales et nationales demandant le retour en Côte d’Ivoire des deux ex-détenus. Donc, les manigances orchestrées pour s’y opposer ne contribueraient qu’à créer encore des tensions inutiles au pays.

Le régime gagnerait plutôt à aider ses partisans n’ayant pas encore admis l’idée de ce retour, à le comprendre et l’accepter. Ils ne doivent surtout pas s’émouvoir devant les déclarations va-en-guerre de certains pro-Gbagbo. Le discours de ces extrémistes égarés ne devrait pas conduire à des réactions identiques dans le camp d’en face. Dans un camp comme dans l’autre, il faut « passer à autre chose » comme l’a dit cette internaute en réponse aux déclarations d’Issiaka Diaby, dans une vidéo devenue célèbre. Comme elle l’a dit, les préoccupations des Ivoiriens aujourd’hui devraient porter sur la cherté de la vie, le manque d’emploi, l’accès difficile aux soins de santé et tant d’autres problèmes sociaux.

Cissé Sindou

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