Installations anarchiques : Les infrastructures électriques agressées





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L’occupation anarchique des emprises des pilonnes électriques est devenue tellement monnaie courante que ça ne surprend plus personne. Lorsque nous arrivons à Port-Bouët abattoir, ce jeudi 25 novembre 2021, nous nous attendions certes à voir un tel spectacle, mais nous avions négligé l’ampleur du phénomène.

En effet, une fois sur place, le premier constat est que, non-loin de là, des habitations et activités informelles ont été déguerpies. On pourrait donc croire qu’en cet endroit, le problème a été résolu. Mais, un coup d’œil un peu plus loin, et nous remarquons un enclos à l’intérieur duquel se trouvent des bœufs. Un individu a choisi de faire son élevage de bovin sans être inquiété.

A 100 mètres de là, notre attention est attirée par des bruits de camions qui entrent et ressortent. En nous approchant, nous constatons qu’une carrière se trouve en ce lieu. Le sable extrait de la lagune est entreposé juste en dessous des lignes hautes tensions engloutissant le bas des pilonnes. Les tracteurs qui vont et viennent rasent dangereusement les câbles. Autour, les riverains qui constatent notre présence pensent que nous sommes en repérage pour leur déguerpissement. C’est très pensif que nous quittons l’abattoir. Direction, Cocody-les II Plateaux, sur la voie en allant vers le carrefour La Vie.

Ici, ce sont des artisans qui sont installés en dessous des lignes hautes tensions. Ils exercent tranquillement leurs activités. Comme s’il n’existait aucun danger pour eu. Pourtant, un seul incident peut entraîner un incendie et leur barraques de fortunes iront en fumée. Sont-ils conscients des risques ? La question de l’un d’entre eux : "Oui. Mais c’est Dieu qui nous protège". No comment.

Nous croyons être au bout de nos surprises quand, arrivé au quartier UTD d’Abobo-Adjamé, juste avant le carrefour Coqivoire, nous restions sans voix. Un quartier entier, abritant plus de 1 000 âmes, se dresse devant nous, dans un basfond. Au-dessus des habitations, deux lignes hautes tensions. A l’entrée du quartier, quelqu’un s’est même permis de construire une maison en hauteur. A bien observer, les habitants de ce quartier sont exposés à deux dangers. Les risques d’électrocution et autres incendies et des risques d’inondation. Car, il n’est pas besoin d’être devin pour savoir qu’ils ont construit sur un passage d’eau. Mais ici, on ne semble pas prendre conscience du danger.

Que pense, dans tout ça, la Compagnie ivoirienne d’électricité qui exploitent ces installations électriques ?

Les réponses viennent de Vassoumaïla Diomandé, sous-directeur de l’exploitation, et Soumahoro Amara, directeur adjoint de la sécurité au travail. De manière général, on peut retenir de leurs propos que sous ce genre de câbles, il doit avoir au moins 6 mètres. Mais, les activités et habitations qui s’y installent ne peuvent permettre de respecter cette hauteur requise. Selon eux, ces espaces doivent rester libres de toute occupation pour des raisons de sécurité. Mais aussi pour permettre aux agents d’accéder aux installations pour la maintenance.

Ils ont également fait savoir qu’une distance de 30 mètres doit être respecté autour des pilonnes. Ajoutant qu’on n’a pas besoin d’être en contact avec les fils pour être électrocuté. L’électricité peut partir de la ligne au corps humain par l’effet d’amorçage.

Il faut noter que de nombreux accidents ont déjà été enregistrés. 95 % des emprises de lignes sont occupés à Abidjan.

Modeste KONE

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