Zones industrielles d’Abidjan : ces lieux où des femmes travaillent au noir





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Photo de prise le jeudi 23 mai 2024, montrant des femmes en face d’une "entreprise libanaise". Elles tentent d’être sélectionnées avant d’accomplir leurs différentes tâches



Salaires bas, horaires trop lourds, … c’est ce qu’endurent certaines femmes qui travaillent en tant qu’ouvrières dans les zones industrielles. En Côte d’Ivoire, de plus en plus de femmes, diplômés ou non, gagnent leur pain quotidien en exerçant ce métier de manœuvre dans les zones industrielles qui, aujourd’hui, sont un facteur de réduction du taux de chômage.  Les conditions de travail et de rémunération dans ces zones respectent-elles les normes ? Pressecotedivoire.ci est allé s’enquérir de la réalité sur le terrain.

Nous nous sommes rendus, le jeudi 23 mai 2024, dans la commune de Koumassi, plus précisément dans la zone industrielle du quartier Sogefiha. Nous arrivons en face d’une entreprise de transformation de plastique. Le portail ouvert, nous apercevons des femmes de tout âge en pleine activité. Dehors, ce sont les gardiens qui montent. A côté d’eux, les vendeuses de pain, d’attiéké, de riz et d’eau qui sont maîtres des lieux. Leur présence en ce lieu explique la forte affluence dans le secteur.

Il est 12h. Nous retrouvons F. S., âgé de 17 ans, qui prend sa pause-déjeuner. Tout en souhaitant garder l’anonymat, elle nous explique son vécu dans cette entreprise. « Je travaille dans cette entreprise en tant que plasticienne, cela fait 6 mois. Je suis payée à 4 500 FCFA par jour et j’arrive à m’en sortir », indique-t-elle.

Il est 14 h quand nous arrivons devant le portail d’une autre entreprise. Celle-ci fabrique des chaussures. Nous apercevons des femmes qui font la queue avant l’ouverture du portail. Ce qui a attiré notre attention. Nous nous sommes rapprochés d’elles dans l’espoir de savoir pourquoi elles sont en ce lieu.  « Nos supérieurs nous interdisent de livrer des informations sur la société », nous lance C. B., travailleuse temporaire, qui nous accueille avec beaucoup de réserves.

Selon elle, toute personne prise en train de divulguer une quelconque information à un inconnu rendra compte aux dirigeants et risque de perdre son travail. « Ici, les conditions de travail ne nous sont pas favorables. Mais nous sommes obligés de faire avec », continue-t-elle tout de même. Puis elle ajoute : « Nous ne sommes pas embauchées ici et c’est très difficile d’être embauchée dans cette entreprise. Moi, je travaille avec des produits chimiques. Je n’ai pas d’équipement pour me protéger et je suis payée par jour à 3 600 FCFA. Je fais avec parce que je n’ai pas le choix, je suis une veuve », explique-t-elle le visage assez triste. 

Jérôme (c’est le nom que nous lui attribuerons), employé dans ladite entreprise, nous livre secrètement quelques informations concernant les conditions de travail de ces femmes. « Le quotidien des femmes est très difficile ici. Elles ne sont pas embauchées dans cette entreprise, elles travaillent 8 h de temps pour avoir une somme de 3 600f par jour. Soit environ 60.000 FCFA par mois. Ça ne vaut même pas le SMIG fixé par l’Etat. », lance-t-il.

À Vridi, nous observons plusieurs usines aux portails fermés alors qu’elles sont en pleine production. Des femmes habillées en blouse bleue, trempées de sueur, donnent l’air d’être fatiguées. Elles présentent toutes des visages froids avec sourire qui ressemble plus à un rictus.

Sous le bruit des machines des usines avoisinantes, on entend à peine les cris des vendeuses de nourriture, de galettes, de maïs braisé, de jus naturels et des cabines de transfert d’unités (crédit) téléphoniques qui occupent les bordures de route. Des tricycles et des camions remorques sont stationnés devant les usines. « Nous travaillons ici parce que nous n’avons pas le choix. Nous nous sommes résolus à travailler malgré nos conditions difficiles de travail », lance Rita.

La jeune dame ajoute que dans « ces zones, les femmes sont beaucoup victimes de harcèlement sexuel. Souvent, on te propose de coucher avec le patron pour te faire une place dans l’entreprise. Beaucoup de filles ont refusé. Moi, j’ai eu la chance. Car, j’y avais un grand frère qui a plaidé en ma faveur. Malgré tout, je ne suis toujours pas embauchée. Je perçois quotidiennement la somme de 4000 FCFA. Quand ce sont les samedis ou les jours fériés, nous passons à 5000 FCFA par jour », relève-t-elle.

Elisa Achi

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