Circulation des véhicules poids lourds : pourquoi les textes ne sont pas respectés





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Les poids lourds indexés dans les accidents et les embouteillages à Abidjan



En Côte d’Ivoire, aux heures de pointe, il y a des embouteillages. Cela est connu de tous. Quant à l’origine de ces ralentissements de la circulation, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : le grand flux de véhicules sur les routes, la mauvaise conduite, les voies rétrécies pour les travaux, etc. Mais il y a surtout la circulation des poids lourds qui, non seulement ne vont pas vite, mais ne respectent pas, pour la plupart, les règles de conduite.

David T., conducteur de VTC, accuse : « Je ne comprends pas pourquoi on permet à ces poids lourds de circuler aux heures de pointe. Ils créent le désordre et n’ont aucun respect pour les petits véhicules parce qu’ils sont grands. Ce sont eux qui sont à la base des embouteillages et des accidents. » Si ce chauffeur accuse les gros engins, ce n’est pas fortuit. On se souvient que le 1er septembre 2024, un camion a violemment percuté, autour de 8 h du matin, un véhicule personnel au carrefour Vidange du Plateau-Dokui, faisant 4 décès et plusieurs blessés. Le vendredi 1er juillet 2022, ce sont deux poids lourds qui se sont percutés sur l’autoroute du Nord. Si l’on n’a déploré aucun mort, cet autre accident met en lumière la mauvaise conduite des chauffeurs de camions.

Une loi existe pourtant pour encadrer la circulation de ces poids lourds

Les autorités ivoiriennes ont pensé à encadrer la circulation de ces poids lourds pour améliorer non seulement la fluidité routière, mais également éviter les accidents aux heures de grande circulation. Le ministère des Transports a, en effet, procédé, le 27 décembre 2019, à la révision de l’arrêté N°0210 du 20 juillet 2005 portant instruction de plages horaires pour la circulation des poids lourds dans la ville d’Abidjan. Le texte indique : « Les véhicules poids lourds, dont le poids total à charge excède 10 tonnes, sont interdits de circuler sur toute l’étendue de la ville d’Abidjan, tous les jours ouvrables, le matin de 6 heures à 9 heures et dans l’après-midi de 17 heures à 21 heures. La vitesse maximale admise sur ce tronçon est de 30 km/h pour ces véhicules. » Pour une meilleure mise en œuvre de cette disposition, ce texte précise : « En vue d’assurer l’effectivité de cette mesure qui vise à sauver des vies humaines, les éléments des forces de l’ordre procéderont à des patrouilles régulières et les contrevenants seront soumis à la rigueur de la loi. »

Dans des situations exceptionnelles, le texte est élargi à l’intérieur du pays. Comme ce fut le cas lors du match des Éléphants de Côte d'Ivoire contre les Aigles du Mali, en quart de finale de la CAN 2023 au Stade de la Paix de Bouaké. Comme on peut le voir, le ministère des Transports a enjoint les forces de l’ordre de veiller à l’application de cette mesure. Pourquoi aperçoit-on des poids lourds en pleine circulation aux plages horaires où ils ne devraient pas circuler? Une question délicate, comme on dit à Abidjan.

De leur côté, les conducteurs de véhicules de plus de 10 tonnes se défendent. Ce qui ressort de leurs propos, c’est qu’ils sont nombreux à ignorer l’existence de ce texte de 2019. Les propos de O. Diallo, conducteur d’engin poids lourd que nous avons rencontré à Adjamé, à proximité de l’ancienne casse, dans un français approximatif, sont sans équivoque : « Quand on m’arrête, je donne automatiquement de l’argent sans savoir pourquoi. Personne ne m’explique non plus. C’est toi qui me dis que c’est à cause de l’heure. C’est maintenant que je comprends pourquoi le matin il n’y a pas de négociation. » Son collègue Mamadou K. est dans cette même logique : « Mon cher, moi, je dois quitter ici pour traverser la frontière avant qu’on ne la ferme. Quand on m’arrête, mon apprenti va donner l’argent et on continue. Personne ne nous explique quoi que ce soit. » Ignorance ou mauvaise foi ?

Une source bien introduite au ministère, qui a bien voulu nous parler sans que son identité soit dévoilée, se montre claire sur la question : « Le ministère a fait son travail en prenant un texte clair. Il appartient aux autres de faire le leur. Le ministre ne va tout de même pas descendre dans la rue pour faire appliquer le texte. »

En attendant donc que chacun fasse son travail, les poids lourds continuent d’endeuiller des familles par leur mauvaise conduite et à ralentir l’activité économique en créant des embouteillages.

Modeste KONÉ

 

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